La France va tester la communication laser entre un nanosatellite et une station sol transportable

Unseenlabs-Cailabs

A l’occasion du Forum innovation Défense qui s’est tenu du 25 au 27 novembre, Florence Parly, ministre des Armées, a annoncé l’expérimentation d’un système de communication optique par laser entre un nanosatellite de 10 kg et une station sol compacte et transportable. ...Le lancement du satellite est prévu en fin d’année 2022 et l’expérimentation pourrait alors constituer une première mondiale.

Du nom de Keraunos (qui signifie foudre en grec ancien), ce projet est porté par les jeunes sociétés françaises Unseenlabs et Cailabs, entreprises au capital desquelles est présent le ministère des Armées au travers du fonds d’investissement Definvest cogéré par Bpifrance. C’est Unseenlabs qui est chargé de la conception et du lancement en orbite basse du nanosatellite, tandis que Cailabs, dont l’Embarqué a tracé un portrait détaillé en 2014 et qui est un spécialiste des produits photoniques de mise en forme de la lumière, fournira la solution de transmission de données sans fil par laser, présentée comme particulièrement compacte et légère dans sa partie réception.

On rappellera que les liaisons optiques, par rapport aux liaisons radio habituellement utilisées dans l’espace, affichent plusieurs avantages dont le débit, la discrétion et l’affranchissement du partage des fréquences d’émission entre différents utilisateurs. Les turbulences de l’atmosphère produisent toutefois des perturbations sur la transmission des données envoyées depuis un satellite vers la Terre qu’il convient de corriger au niveau du récepteur sol. La technologie de Cailabs qui sera expérimentée dans le cadre du projet Kearunos devrait permettre de contourner les contraintes actuelles pesant sur le récepteur sol pour des emplois industriels ou opérationnels. En cas de réussite, l’expérimentation constituerait une première mondiale de communication satellitaire optique haut débit avec traitement des turbulences atmosphériques sans optique adaptative (une approche considérée comme trop imposante et peu mobile).

Selon le communiqué publié à l’occasion de l’annonce du projet Keraunos, ce succès rendrait possible un déploiement rapide de communications laser sur des plates-formes mobiles terrestres, navales ou aériennes, le système pouvant à terme s’intégrer aux futurs systèmes satellitaires du ministère des Armées.

Rappelons par ailleurs que la société rennaise Unseenlabs, créée en 2015 et spécialiste de la géolocalisation radiofréquence par satellites des navires en mer, a bouclé en 2021 un tour de table de 20 millions d’euros afin d’accélérer le déploiement d’une constellation qui devrait compter de 20 à 25 nanosatellites d’ici à 2025 (lire notre article ici). Depuis 2019, la jeune société a placé quatre nanosatellites en orbite, dont le dernier en date (BRO-4) a été déployé le 17 août par le lanceur Vega d’Arianespace. Selon le ministère des Armées, l’architecture logicielle moderne er agile des nanosatellites Unseenlabs offre la possibilité d’intégrer aisément la charge utile laser de Cailabs.

On se souviendra que Florence Parly, ministre des Armées, a fait de l’espace une priorité stratégique de Défense. La Loi de programmation militaire y consacre 4,3 milliards d’euros sur la période 2019-2025. Dans ce cadre, le premier satellite de télécommunication de la constellation Syracuse IV et 3 satellites de renseignement Ceres ont été lancés avec succès les 24 octobre et 16 novembre 2021.

L’Agence de l’innovation de défense (AID) finance à hauteur de 5,5 millions d’euros le projet Keraunos.