Mil/aéro : la France est dans le top quatre des nations investissant plus de 1 Md$ dans les satellites militaires et à usage dual

Novaspace2023

Au cours de la prochaine décennie, la cadence de lancement de satellites de défense et à usage dual (civil/militaire) va augmenter de 160% selon la société d’études Novaspace (ex-Euroconsult) qui estime que les dépenses publiques mondiales en matière de défense et de sécurité spatiales ont atteint plus de 58 milliards de dollars en 2023. Un record historique qui s’explique par un contexte géopolitique de plus en plus fragmenté, par la rivalité croissante entre les États-Unis, la Chine et la Russie, ainsi que par l’intégration croissante des services spatiaux dans les forces militaires conventionnelles sur terre, dans les airs et sur mer.

Quatre pays se sont distingués l’année dernière avec, pour chacun, des investissements dépassant le milliard de dollars. Les États-Unis arrivent en tête avec 38,9 milliards de dollars, suivis de la Chine avec 8,8 milliards de dollars, de la Russie avec 2,6 milliards de dollars et de la France avec 1,3 milliard de dollars. Le Japon, le Royaume-Uni, l’Union européenne et l’Allemagne ont également réalisé des investissements substantiels, dépassant chacun 500 millions de dollars.

Dans le détail, précise Novaspace, sur les 58 milliards de dollars alloués au total par les gouvernements, environ 40 milliards de dollars ont été confiés au secteur industriel pour la fourniture de capacités cruciales de défense et de sécurité spatiales. Ce qui recouvre notamment le fabrication et le lancement de satellites gouvernementaux, la mise à disposition de terminaux utilisateurs, l’exploitation commerciale de systèmes gouvernementaux et la fourniture de produits, de données et de services commerciaux de défense et de sécurité spatiales aux organisations de défense.

La majorité des financements sont destinés à la fabrication de systèmes gouvernementaux (satellites et terminaux) alors que les Etats cherchent à conserver le contrôle sur les systèmes propriétaires pour des raisons de souveraineté. Novaspace identifie également comme une tendance croissante l’acquisition de données commerciales pour enrichir ou compléter des systèmes appartenant aux gouvernements, en particulier aux États-Unis. Le recours à des services externes reste toutefois plus limité dans la mesure où la plupart des organisations de défense préfèrent effectuer des analyses de données en interne, même si des premiers signes de changement apparaissent ici ou là.

Sur les 40,2 milliards de dollars alloués à l’industrie en 2023, la fabrication et le lancement de satellites de défense et à usage dual ont compté pour 24 milliards de dollars, la mise à disposition de terminaux utilisateurs pour 3,3 milliards de dollars, l'exploitation de systèmes gouvernementaux et la vente de données pour 10,2 milliards de dollars et la fourniture de services gérés et à valeur ajoutée pour 2,7 milliards de dollars.

En 2023, quelque 107 satellites de défense et à usage dual ont été lancés par 17 Etats, soit une augmentation de 40% par rapport à l’année précédente, détaille la société d’études. Les États-Unis ont procédé à 44 lancements, suivis de la Chine (30) et de la Russie (11). Les autres pays réunis ont lancé un total de 22 satellites de défense et usage dual. Sur les 107 satellites lancés, 29 l’ont été pour des activités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, 24 étaient destinés à assurer des communications par satellite sécurisées, 23 étaient dévolus au renseignement d’origine électromagnétique et 16 étaient des démonstrateurs technologiques.

Novaspace prévoit une augmentation continue et substantielle du nombre de nouveaux satellites de défense au cours de la prochaine décennie, avec plus de 2 600 lancements prévus. Une augmentation qui s’explique principalement par la nécessité d'architectures système destinées à améliorer la résilience des services spatiaux et, dans une moindre mesure, par le nombre croissant de pays investissant dans la défense et la sécurité spatiales.

« Le contexte géopolitique mondial de plus en plus fragmenté est un moteur majeur des dépenses de défense et de sécurité spatiales, souligne Simon Seminari de Novaspace. Cette situation est marquée par des conflits de haute intensité en Ukraine et au Moyen-Orient ainsi que par des tensions continues dans la mer de Chine méridionale, dans le Pacifique, sur le sous-continent indien et en Afrique. Alors que l’espace devient de plus en plus contesté, encombré et compétitif, les pays du monde entier renforcent leur préparation en matière de défense. L’espace fait partie intégrante de la guerre moderne, les armées s’appuyant sur des capacités spatiales pour la connaissance du champ de bataille, la navigation dans des conditions de faible visibilité et la connectivité sécurisée dans des environnements hostiles. »

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