Le groupe d’étude et d’analyse de marché français Yole annonce la publication de son rapport "Tendances des semi-conducteurs automobiles 2025" qui procure un aperçu de la dynamique concurrentielle du segment de l’électronique automobile à la croissance actuellement la plus rapide de l'industrie des semi-conducteurs.
Selon le rapport, alors que le marché automobile mondial connaîtrait une croissance modérée d'environ 2 % entre 2024 et 2030, le marché des semi-conducteurs automobiles, de son côté, pourrait afficher une croissance cinq fois plus rapide, passant de 68 à 132 milliards de dollars.
Au cœur de cette transformation, Yole indique que le paysage des fournisseurs est de plus en plus fragmenté et concurrentiel. Ainsi, selon Yole, les cinq premiers acteurs détiennent environ 50 % du marché des semi-conducteurs automobiles mais de nouveaux concurrents gagnent rapidement du terrain. Infineon Technologies est en tête des ventes avec un chiffre d'affaires de plus de 8 milliards de dollars dominant le domaine des modules de puissance Si/SiC, des pilotes et des microcontrôleurs. NXP suit de près, fort de sa présence dans les microcontrôleurs de réseaux embarqués, les radars et les émetteurs-récepteurs. Tandis que STMicroelectronics maintient son avance sur les composants discrets, l'électrification et les plateformes de microcontrôleurs, visant une croissance à long terme.
Cependant, chez Yole Group, les analystes constatent une multiplication de la concurrence. Ainsi, les entreprises américaines représentent 36 % du marché. Selon le rapport de Yole, leurs principales activités concernent les solutions analogiques, les mémoires et les circuits SoC haut de gamme. Nvidia, AMD et Qualcomm intègrent désormais les technologies d’intelligence artificielle (IA) directement au sein des véhicules, tandis que leur croissance future repose sur la pénétration des SoC dans les systèmes ADAS (Advanced Driver Assistance System), les systèmes autonomes et les systèmes embarqués.
Au Japon, les fabricants de semi-conducteurs tels que Renesas, Rohm et Denso restent performants dans les domaines des microcontrôleurs, des capteurs et des circuits en carbure de silicium (SiC) traditionnels.
Parallèlement, Yole note une accélération stratégique de la Chine qui transforme d’ores et déjà le paysage de l’électronique automobile, avec la volonté des autorités chinoises d’une obligation de 25 % de contenu national dans leurs automobiles d'ici 2025.
Les analystes du groupe Yole soulignent à ce niveau que les sociétés Horizon Robotics, SiEngine et Black Sesame, ciblent les puces pour les systèmes embarqués et les systèmes ADAS. BYD Semiconductor et StarPower de leur côté se développent dans les circuits SiC et des modules IGBT, tandis que Nio a conçu son propre contrôleur de domaine d’une performance de 1 000 TOPS (Tera Opération Per Second) sur un noeud technologique en 5 nm fabriqué chez le fondeur TSMC. Sur ce secteur, Yole note que le fondeur chinois SMIC a décidé la construction de quatre usines de fabrication de 12 pouces pour la production automobile en 28/40 nm.
Selon Yole, la force de la Chine réside à la fois dans dans sa politique intérieure, dans l’expansion de ses capacités de fabrication et dans d’arroche d’intégration verticale agile. À titre d’exemple, des équipementiers comme BYD et Nio conçoivent désormais leurs propres semi-conducteurs, autrefois considérés comme un avantage exclusif chez l’américain Tesla.
Toujours selon Yole, dans le secteur des semi-conducteurs automobiles, la concurrence est en cours de redéfinition, avec notamment la transformation de chaque équipementier en entreprise technologique et la volonté de chaque fabricant de puces de croître dans le secteur automobile. Conséquence, la dynamique concurrentielle de ce marché a fondamentalement changé, et la différenciation technologique, le contrôle de la chaîne d’approvisionnement et l’alignement régional comptent désormais autant que la performance des appareils, conclu Yole dans son rapport.
