La société néerlandaise Innatera, créée en 2018, émanation de l’université de technologie de Delft, et positionnée sur le marché des puces neuromorphiques, annonce le lancement de Pulsar, un microcontrôleur opérationnel, ouvrant la voie à l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) en temps réel dans un contexte d’ultra-basse consommation pour des capteurs et autres appareils en périphérie de réseau, alimentés par batteries.
C’est à l’occasion du salon CES 2024 qui s’était tenu à Las Vegas (Etats-Unis) qu’Innatera avait montré officiellement la première mouture de son microcontrôleur neuromorphique, baptisé à l’époque Spiking Neural Processor T1, une puce qui s’inspire du fonctionnement du cerveau humain pour apporter directement de l’IA au niveau des capteurs dans des applications comme le traitement vocal intelligent au sein d’interfaces homme-machine, le suivi de signaux dans les dispositifs portés sur soi, la reconnaissance de cibles dans les radars et lidars, etc.
Désormais appelée Pulsar, cette puce aux dimensions de 2,16 x 3 mm, présentée officiellement lors du salon Computex 2025 qui s'est tenu à Taïpe (Taïwan) fin mai 2025, s’appuie sur une architecture de traitement de signaux analogiques capable de mettre en œuvre des réseaux de neurones à impulsions (SNN, Spiking Neural Networks). Ce type de réseaux pilotés par les événements possède une notion précise du temps qui leur permet d'être dix à cent fois plus compacts que les réseaux de neurones artificiels conventionnels. Une avancée dans le domaine de l’IA, selon Innatera, qui permet de traiter les données à la manière du cerveau en se concentrant uniquement sur les changements d’entrée du réseau.
Ce modèle piloté par les événements réduit en outre considérablement la consommation d'énergie et la latence tout en permettant une prise de décision précise et en temps réel. In fine, ces réseaux de neurones à impulsions sont intrinsèquement bien adaptés à la reconnaissance de formes (ou de motifs) et au traitement du signal dans des données de séries chronologiques bruitées, précise Innatera.
Intégrant un processeur RISC-V et des accélérateurs pour des réseaux de neurones convolutifs (CNN, convolutional neural network) avec des unités de traitement de transformées de Fourier rapide, en parallèle aux réseaux SNN, cette architecture polyvalente sur une seule pucee est unique à l’heure actuelle, selon Innatera.
Le filtrage et l'interprétation en local des données des capteurs permettent ainsi avec cette architecture de maintenir le processeur principal de l'application en veille jusqu'à ce qu'il soit réellement utilisé, éliminant ainsi le recours à un processeur principal ou à une connexion dans le cloud.
En s’appuyant sur cette approche, l’architecture d’Innatera affiche une consommation ultrafaible, jusqu’à 500 fois inférieure à celle des processeurs d'IA conventionnels, selon la socité, et une latence de reconnaissance ultracourte, avec des performances par watt jusqu'à 10 000 fois supérieures à celles des processeurs numériques ou des accélérateurs IA classiques.
Concrétement, avec une consommation électrique inférieure au milliwatt, Pulsar permet, selon Innatera, de réaliser de la reconnaissance gestuelle en moins d'une milliseconde dans les objets connectés, et d'atteindre une réactivité en temps réel avec des budgets énergétiques aussi faibles que 600 µW pour la détection de présence par radar et 400 µW pour la classification de scènes audio.
Aujourd’hui, avec Pulsar, Innatera estime être prête pour un déploiement à grande échelle pour satisfaire les besoins en forte croissance de technologies d'IA en temps réel, sans recours à des logiciels dans le cloud, et économe en énergie pour les capteurs et appareils en périphérie de réseau alimentés sur batteries.
La société estime ainsi avec sa technologie poser les bases pour des systèmes d'IA en périphérie de réseau, autonomes, adaptatifs et capables d'apprendre sur le terrain, avec une évolution à venir vers des dispositifs auto-calibrés et auto-optimisés qui réduisent les coûts de maintenance.
Des collaborations avec des sociétés comme Socionext ou Aria Sensing sont d'ores et déjà en cours afin d’intégrer la puce d’Innatera respectivement dans un système de détection radar et dans des systèmes de détection ultra-large bande d’objets en 2 ou 3D.
Afin d'aider les développeurs dans leur travaux, Innatera propose en outre le SDK (Software Development Kit) Talamo qui rend le développement neuromorphique accessible en facilitant notamment la création de modèles dans un environnement fondé sur le logiciel PyTorch, puis de les simuler, les optimiser et les déployer facilement.