"Comment les standards internationaux accélèrent l'adoption des compteurs d'eau intelligents"

Opinion IoTerop

[TRIBUNE de Steve Lurie, IOTEROP] Dans le cadre du déploiement de compteurs d'eau intelligents, certaines entreprises, peu disposées à prendre des risques, trouvent que la norme mondiale de connectivité NB-IoT répond le mieux à leurs préoccupations stratégiques. L'association du NB-IoT au standard Lightweight M2M 1.1 de l'Open Mobile Alliance (OMA), qui permet l’interopérabilité, la sécurisation et la gestion à distance des objets connectés, offre aux industriels une stratégie durable permettant d’adresser le marché des compteurs intelligents. Explications de Steve Lurie, Digital Marketing Lead de la société française IoTerop...

Récemment, le groupe d'analystes Transforma Insights a prédit que le nombre de connexions longue portée et basse consommation LPWA (Low Power Wide Area) dans le monde passerait de 220 millions en 2019 à 4 milliards en 2030. Transforma estime que près des deux tiers de ces appareils utiliseront la 5G mMTC (massive Machine-Type Communications ou Communication massive dédiée aux machines), autrement connue sous le nom de connectivité NB-IoT et LTE, exploitées sur des spectres sous licence par les opérateurs télécoms multinationaux. Les taux d'adoption les plus élevés sont attendus en Chine, en Europe et en Amérique du Nord, les compteurs d’électricité, d’eau et de gaz représentant la part du lion des déploiements.

Les défis de l'adoption
 
Dans son ouvrage publié en 2020 et intitulé The Internet of Things Myth, Matt Hatton, partenaire fondateur de Transforma, a qualifié de « ridicules » les prévisions de 50 milliards d'appareils d'ici 2020, en attirant l'attention sur les défis existants :
 
1. « La connectivité est le domaine technologique le plus important pour l'Internet des objets... Il n'y a pas de norme pour connecter les appareils IoT distribués. »  
2. « L'immaturité technologique et la fragmentation continuent de créer des problèmes d’adoption… Les entreprises qui adoptent l'IoT doivent s’appuyer sur des normes mondiales pour connecter leurs appareils IoT distribués et gérer leurs déploiements tout en tenant largement compte des considérations économiques et opérationnelles implicites à l'adoption d'une nouvelle technologie. »
 
C’est un fait, les données et les bénéfices opérationnels que ces déploiements apportent sont si évidents que le marché pousse naturellement à trouver des solutions qui répondent à ces défis.
 
Disposer d’une connectivité globale est stratégique
 
Il existe différentes technologies LPWA, chacune étant unique. Il ne fait aucun doute que l'avenir s’appuiera sur l’existence d’une mixité de réseaux LPWA. Néanmoins, le déploiement de compteurs intelligents, ayant pour la plupart un cycle de vie de plus de dix ans, constitue un investissement stratégique important. Certaines entreprises, peu disposées à prendre des risques, trouvent que la norme mondiale de connectivité NB-IoT répond le mieux à leurs préoccupations stratégiques. Leurs préoccupations concernent surtout les points suivants :
 
1) le risque. Les compteurs intelligents doivent être construits autour d'une seule technologie LPWA. Le NB-IoT, une norme mondiale établie par le consortium 3GPP et soutenue par tous les grands opérateurs télécoms aux modèles commerciaux diversifiés, est la plus susceptible de survivre à ce paysage hyperconcurrentiel. Qui veut être l’industriel qui a investi sur une offre de connectivité risquant de disparaître ? 
 
2) les économies d’échelle. Dans les années 90, le mantra du langage de programmation Java était qu’un programme informatique « écrit une fois peut tourner partout ». Avec le NB-IoT, on pourrait dire qu’un appareil connecté « construit une fois peut être déployé partout ». Ainsi, un compteur intelligent conçu en Suède, assemblé en Chine, peut être déployé partout dans le monde et connecté en quelques minutes. ABI Research estime que le prix des puces de connectivité NB-IoT, construites pour la plupart en Chine, et qui constituent un élément significatif dans le prix des appareils intelligents, devraient chuter de manière importante pour atteindre 1,98 $ d'ici à 2024. Une économie d’échelle très substantielle lorsque de telles réductions de coûts dans un appareil connecté sont répliquées à des millions d’exemplaires. 
 
3) l’ouverture, la tarification et l’itinérance. Disposer d’une offre concurrentielle de réseaux interopérables de la part des opérateurs télécoms permet aux constructeurs d’envisager plus rapidement des déploiements nationaux et internationaux à moindres coûts. Choisir une technologie de connectivité LPWA pour le déploiement de compteurs intelligents signifie de se poser les questions suivantes : Cette technologie répond-elle aux besoins techniques de ma solution ? Vient-elle soutenir efficacement ma stratégie commerciale ? Quel est le degré de confiance que cette technologie perdurera dans 15 ans ? Le très respecté analyste Gartner a récemment mis en lumière ces questions, en déclarant dans son rapport de juin 2020 intitulé Hype Cycle for IoT Standards and Protocols : « Investir dans le NB-IoT est une stratégie à faible risque... Il faut  prioriser l’utilisation de standards définis au sein du 3GPP, dont fait partie le NB-IoT, dès lors qu’ils sont disponibles ».
 
Capitaliser sur le Lightweight M2M
 
Trois arguments massues d’une solution IoT doivent être considérés, à savoir le bon sens, la praticité et le choix. Il faut savoir que les solutions de compteurs intelligents bénéficient d'une autre norme mondiale : le standard Lightweight M2M 1.1 de l'Open Mobile Alliance (OMA) qui permet l’interopérabilité, la sécurisation et la gestion à distance des objets connectés. Les membres du conseil d'administration d'OMA SpecWorks, composé des sociétés Arm, AT&T, Ericsson, IoTerop, Itron, T-Mobile et Qualcomm, ont travaillé sans relâche à l'amélioration des spécifications du standard LwM2M 1.1. Il s'agit désormais de la technologie standardisée la plus ouverte, complète et efficace pour gérer le déploiement massif des dispositifs connectés de l’Internet des objets.
 
N'oublions pas que nous parlons ici de devoir gérer un nombre massif d'objets connectés contraints par nature (et à distance). Que se passera-t-il lorsqu'un compteur d’eau est attaqué ou se comporte de manière inattendue ? Comment intervenir sur l’appareil défaillant ou le faire évoluer ? Doit-on systématiquement dépêcher sur place une intervention humaine ? Autant de considérations critiques qui peuvent avoir des conséquences directes sur la viabilité économique même des solutions sur le long terme. Cela nécessite une réflexion et une optimisation rigoureuses. Ces dernières sont essentielles pour construire des solutions de compteurs intelligents pouvant opérer sur batterie avec une durée de vie de plus de dix ans.
 
Pour un nombre croissant d'organisations, le LwM2M 1.1 est un choix stratégique d'une logique imparable pour trois raisons :
 
1) l’efficacité. Il faut pouvoir gérer la transmission des données, la sécurité, la connectivité, la gestion et la maintenance des appareils à distance, et ce avec une efficacité énergétique et économique optimales.
 
2) la complétude. Il faut pouvoir gérer l’intégralité du cycle de vie des appareils (depuis leur mise en service sécurisée en passant par leurs mises à jour logicielles) en évitant l’intervention humaine tout en garantissant une qualité de service optimale. Les contributeurs du standard LwM2M, comprenant notamment des grandes entreprises des télécoms avec une solide expérience opérationnelle du déploiement massifs d’appareils connectés, ont justement créé ce standard dans cette perspective.
 
3) l’ouverture. L'interopérabilité est une nécessité stratégique. Les données de ces compteurs doivent pouvoir transiter facilement d’une application à une autre. Que se passe-t-il lorsqu'un fournisseur disparaît ? L'adaptabilité et l’ouverture sont les meilleurs garants de la durabilité économique d’une solution. L’adoption du standard LwM2M garantit aux organisations une stratégie IoT pérenne et évolutive. Le marché en est aujourd’hui conscient.
 
Les enjeux des compteurs d’eau intelligents en Australie
 
En Australie, l’un des pays les plus arides de la planète, la ressource en eau est critique. Les acteurs de cet écosystème misent sur les standards internationaux NB-IoT et LwM2M pour assurer l’efficacité et la pérennité de leurs déploiements de compteurs d’eau intelligents sur le territoire, capables notamment de détecter des fuites en temps réel. Cet investissement stratégique leur permettra d’assurer l’interopérabilité entre tous les différents acteurs : constructeurs de compteurs, opérateurs télécoms, fournisseurs d’applicatifs sur le cloud, gestionnaires des réseaux et de distribution de l’eau… Cette initiative novatrice leur permettra non seulement de réaliser des économies d’échelle sur les coûts de réalisation et d’opération d’une telle solution sur le long terme, mais également de sauvegarder la précieuse ressource en eau.
 
Dans un récent webinaire organisé par IoTerop sur l'adoption des compteurs d'eau intelligents compatibles NB-IoT en Australie, David Roe du fournisseur de solutions de compteurs d’eau intelligents EDMI a déclaré : « LwM2M 1.1 est essentiel à notre stratégie d’accès au marché... LwM2M 1.1 fournit la solution parfaite, efficace et ouverte pour construire rapidement des solutions sur NB-IoT ». Gartner a d’ailleurs précisé dans son rapport 2020 que « le LwM2M simplifie et unifie le développement d'applications et de produits... Le NB-IoT est un cas d'utilisation idéal pour le Lightweight M2M ».