L’Europe veut se doter d’une infrastructure satellitaire de communications sécurisées souveraine

L’Union européenne arrivera-t-elle à déployer un système de connectivité souverain reposant sur une composante spatiale et apte à assurer des services de communication sécurisés, fiables et résilients pour des secteurs aussi divers que le transport routier et maritime, le trafic et le contrôle aérien, les véhicules autonomes et les nombreuses applications de l’Internet des objets ? ...C’est tout du moins l’objectif visé à terme par un consortium créé fin 2020 pour étudier au cours de l’année 2021 la faisabilité d’un telle infrastructure qui serait alors la propriété exclusive du Vieux Continent et qui pourrait fournir des services sécurisés de communication à l’Union européenne et ses États membres, ainsi qu’une connectivité à large bande pour les citoyens, les entreprises et les secteurs de la mobilité européens.

Destiné à renforcer la souveraineté numérique de l'Europe, le système, qui aura également pour mission d’assurer une couverture, à l’échelle mondiale, des zones rurales et des zones blanches, s’appuiera sur le programme européen GovSatCom pour la mutualisation et le partage de services satellite de l’Union européenne. Il devrait également tirer parti de l’initiative EuroQCI qui encourage l’innovation dans le domaine de la cryptographie quantique.

Dans la pratique, le consortium chargé de plancher sur l’étude de faisabilité d’un an, chiffrée à 7,1 millions d’euros, est formé des sociétés Airbus, Arianespace, Eutelsat, Hispasat, OHB, Orange, SES, Telespazio et Thales Alenia Space.

Selon le communiqué commun publié par les neuf entreprises, cette première phase une fois validée sera suivi par le lancement d’un projet phare de l’Union européenne qui s’inscrira dans la lignée des programmes d’observation de la Terre Copernicus et de positionnement par satellites Galileo, et qui exploitera pleinement les synergies et le potentiel technologique des industries numérique et spatiale du Vieux Continent.

La phase d’étude permettra plus particulièrement de définir les besoins des utilisateurs, la mission du système, une conception architecturale préliminaire et un concept de prestation de services, ainsi que les estimations budgétaires afférentes. Un programme de partenariat public-privé (PPP) sera par ailleurs envisagé et évalué au cours de cette phase.

L’étude doit en particulier examiner la façon dont le système spatial pourrait améliorer les infrastructures critiques actuelles et futures, y compris les réseaux terrestres, et s’y connecter pour renforcer les capacités de l’Union en matière d’accès au cloud et fournir des services numériques de manière indépendante et sécurisée. Dans l’absolu, le futur système spatial européen pour communications sécurisées devrait exploiter et renforcer le rôle des satellites dans l’écosystème 5G et évaluer les opportunités d’interopérabilité tout en tenant compte de l’évolution à venir vers les technologies 6G.

Son ambition est aussi de renforcer la sécurité dans la transmission et le stockage des informations et des données pour répondre aux besoins de divers utilisateurs tels que les agences gouvernementales, les sociétés financières et bancaires, les réseaux scientifiques, les infrastructures critiques et les centres de données.