Microsoft met la main sur Express Logic, l’éditeur du système d’exploitation temps réel ThreadX

Coup de tonnerre dans le Landerneau des systèmes d’exploitation temps réel pour systèmes embarqués et équipements de l’Internet des objets. Microsoft, qui a arrêté depuis quelque temps d’assurer le support de ses plates-formes embarquées historiques (Windows Embedded, Windows CE, etc.), annonce le rachat de son compatriote Express Logic, l’éditeur de l’OS temps réel ThreadX ...et de la pile de connectivité au cloud X-Ware IoT Platform.

Le géant américain entre ainsi de plain-pied sur le marché des systèmes d’exploitation pour microcontrôleurs, un marché où ThreadX aurait, à ce jour, été déployé à hauteur de 6,2 milliards d’unités. Une popularité qui ne se dément pas (Express Logic a été créé en 1996) et qui s’explique aussi par la quête incessante des équipementiers à la recherche de technologies pour environnements aux ressources limitées, en particulier pour ceux qui exigent aussi sécurité et/ou sûreté de fonctionnement. Deux domaines où Express Logic a su développer une forte expertise, la plupart de ses produits ayant été notamment certifiés conformes aux plus hauts niveaux des standards CEI 61508, CEI 62304, ISO 26262 et EN 50128 (lire nos articles ici, ici ou ici).

Selon Microsoft, même les produits les plus contraints, comme ceux alimentés sur piles ou batteries et dotés de moins de 64 Ko de mémoire flash, peuvent utiliser ThreadX.

Pour le géant américain, le rachat d’Express Logic, dont le montant n’est pas révélé, est présenté comme une nouvelle étape dans la stratégie d’investissement de Microsoft dans le domaine de l’Internet des objets et de la périphérie de réseau (edge) intelligente où l’éditeur compte injecter cinq milliards de dollars dans les quatre prochaines années. Une stratégie qui s’est déjà concrétisée par des investissements sur des produits comme Azure Digital Twins, Azure IoT Edge, Azure Maps, Azure IoT Central et… Azure Sphere. Annoncé en juin 2018, Azure Sphere, qui a nécessité trois ans de développement, a vocation à permettre la création d’objets connectés à Internet hautement sécurisés, dès lors que ceux-ci intègrent un microcontrôleur (ou tout du moins un processeur présenté comme tel) dûment certifié. Azure Sphere se compose en pratique de trois éléments dont l’association vise à protéger les équipements et dispositifs positionnés à la périphérie « intelligente » des réseaux : des microcontrôleurs certifiés, un système d’exploitation ad hoc (Azure Sphere OS) et un service adapté dans le nuage (Azure Sphere Security Service).

A ce titre, Microsoft, qui veut connecter de façon transparente au cloud Azure les centaines de millions de nouveaux objets et équipements bâtis sur des microcontrôleurs arrivant sur le marché chaque année, considère que ThreadX vient en complément d’Azure Sphere. « Notre objectif est de proposer l’OS ThreadX comme une option dans un équipement Azure Sphere lorsqu’il y a des besoins de traitement temps réel et de permettre aux produits sous ThreadX de se connecter aux équipements hébergeant Azure IoT Edge lorsque la solution IoT globale a besoin de fonctions de traitement en bordure de réseau, explique Sam George, directeur de Microsoft en charge de la plate-forme Azure IoT. Si nous recommandons Azure Sphere pour les connexions les plus sécurisées au cloud, nous mettrons en avant ThreadX par rapport à d’autres options de systèmes d’exploitation temps réel lorsque les ressources matérielles de l’équipement ne permettent pas d’intégrer Azure Sphere. Et ce pour deux bonnes raisons : ses certifications et sa connectivité out-of-the-box à Azure IoT Hub. »

Après Amazon Web Services qui a mis la main sur FreeRTOS en novembre 2017, Microsoft est le deuxième grand éditeur de plates-formes IoT dans le cloud à s’offrir un système d’exploitation temps réel clé en main pour s’ouvrir l’énorme parc des objets, dispositifs et équipements architecturés autour de microcontrôleurs…