Avec son objet connecté GreenMe, ACA-O met l'humain au centre de la performance énergétique

La jeune société française ACA-O a développé un objet connecté de la taille et à l'apparence d'un Rubik's Cube qui est capable, au sein d’une sphère entourant le poste de travail, de mesurer une dizaine de paramètres environnementaux relatifs au confort individuel et à la santé d'un salarié d'une entreprise. Toutes ces données sont remontées vers une plate-forme d’analyse et de restitution qui matérialise les zones de confort et d’inconfort et les améliorations à apporter. ...

Quelles actions engager pour que les salariés contribuent par de gestes simples à l’économie d’énergie dans un bâtiment tertiaire ? La réponse à cette question n’est pas aussi évidente qu’on le croit. D’autant que les règles en termes de consigne de température, de gestion des ouvrants, de débits de ventilation ou de luminosité dans un bâtiment, si elles sont appliquées sans discernement, ne génèrent pas forcément des gains de productivité… Bien au contraire. « La problématique de la performance énergétique est très secondaire pour des salariés qui travaillent à leur bureau ; ce qui les intéresse d’abord et avant tout, c’est leur tâche quotidienne et l’environnement de confort – ou d’inconfort – qui les entoure, analyse Alexandre Dugarry, cofondateur avec Aïda Berrada de la jeune société ACA-O, créée en 2012 et basée à Aire-sur-Adour dans les Landes. Or ce confort a un impact immédiat sur la productivité. Nous avons donc créé un objet connecté, le premier du genre qui soit capable, au sein d’une sphère entourant le poste de travail, de mesurer une dizaine de paramètres relatifs au confort individuel et à la santé. » Du coup, l’ambition d’ACA-O n’est ni plus ni moins que de remettre l’humain au cœur de l’efficacité énergétique !
 
Un objet bardé de capteurs
 
Du nom de GreenMe, l’objet qu’a conçu la start-up et qui était présenté début avril sur le stand d’EDF lors du salon SIdO de Lyon, revêt l’apparence et les dimensions d’un Rubik’s Cube. Une forme jugée à la fois attrayante et acceptable une fois posée sur le bureau (voir photo ci-contre). Bardé de capteurs (luxmètre, colorimètre, accéléromètre, capteur de composés organiques volatils, sonde de température, microphone et hygromètre), le GreenMe est ainsi apte à mesurer un certain nombre de données et de les transférer via une liaison radio à une passerelle installée quelque part dans le bâtiment. Cette passerelle, en l’occurrence une micro-PC Intel de type NUC sous Linux, gère les objets auxquels elle est connectée et stocke en local les différents paramètres environnementaux qui sont ensuite remontés vers une plate-forme d’analyse et de restitution gérée par ACA-O.
 
« Nous sommes ainsi capables de proposer à nos clients, en général des collectivités ou des grandes entreprises déjà engagées dans des démarches RSE (*), un rendu cartographique qui matérialise sur un graphique les zones de confort et d’inconfort et les améliorations à apporter », détaille Alexandre Dugarry. Pour la connectivité radio du GreenMe, la jeune société a préféré opter pour un protocole propriétaire et pour la bande de fréquence des 868 MHz, jugée moins encombrée que la bande des 2,4 GHz et, partant, moins susceptible aux interférences radio, toujours très présentes dans les environnements tertiaires.
 
Alexandre Dugarry et Aïda Berrada, fondateurs d'ACA-O
 
Pour développer l’architecture matérielle de GreenMe, ACA-O, qui est avant tout une société d’ingénierie logicielle, a pu travailler main dans la main avec un bureau d’études de Pau spécialisé dans l’électronique à basse consommation. Si la start-up a laissé carte blanche à son partenaire pour le choix des principaux composants, elle a néanmoins imposé le choix du capteur de la qualité de l’air, de la radio et du petit écran qui équipe l’objet (un afficheur Memory LCD Display de Sharp en pratique). « Il fallait que cet écran consomme le moins possible, car nous avons favorisé l’écoconception pour le GreenMe qui sera par ailleurs fabriqué dans l’Hexagone », précise le cofondateur d’ACA-O. Le contenu logiciel de l’objet, quant à lui, a été développé en commun par le bureau d’études et la jeune société, ACA-O ayant mis en œuvre son propre savoir-faire pour la plate-forme de service hébergée et l’application mobile permettant d’y accéder.
 
Des expérimentations prévues sur une douzaine de sites
 
Pour l’heure, GreenMe est en phase de préindustrialisation. « Dans notre projet, la composante humaine est très importante, donc notre objectif premier est de lancer une phase d’expérimentation sur une douzaine d’installations dans l’Hexagone d’ici à la fin 2015, explique Alexandre Dugarry. Un premier test grandeur nature est ainsi prévu chez EDF en juin. » Le fournisseur et distributeur d’électricité a d’ailleurs déjà distingué ACA-O et a décerné à la start-up (et à GreenMe) le prix Data et Usage au concours Energie Intelligente EDF 2014. « 250 objets devraient ainsi être déployés dans l’année, continue le dirigeant de la jeune société. Et nous tablons sur le lancement d’une production en volume début 2016. » Pour accompagner son développement, ACA-O qui a déjà bénéficié d’un soutien de la région Aquitaine et du conseil général des Landes prévoit d’effectuer une levée de fonds vers la fin de l’année. De trois aujourd’hui, l’effectif de l’entreprise devrait s’enrichir de quatre personnes d’ici à la fin 2016.
(*) RSE : Responsabilité sociétale des entreprises