ContentArmor tatoue les contenus vidéo numériques pour lutter contre le piratage

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Créée en février 2016, la jeune société rennaise ContentArmor se positionne sur un marché du tatouage de contenus vidéo promis à un bel avenir, notamment dans le domaine de la diffusion au grand public, maintenant que les studios hollywoodiens, désireux de lutter contre le piratage, imposent l’intégration de cette technologie pour accéder à leurs contenus premium et notamment aux films en ultra-haute définition. ...

Le tatouage de contenus vidéo (watermarking en anglais) n’est pas à proprement parler une idée récente. Dès les années 1990 ont en effet émergé diverses solutions permettant d'ajouter, de façon invisible pour l’utilisateur final, des informations de copyright ou d'autres messages de vérification à un signal vidéo. Ces « marques », qui peuvent être subtilement insérées ou modifiées au niveau d’un équipement du type projecteur numérique, matériel de post-production, téléviseur, décodeur ou lecteur/enregistreur multimédia, permettent de tracer un contenu, de repérer éventuellement s’il a été modifié, piraté ou copié illégalement et in fine de remonter à l’origine du « délit ». Une société comme Civolution s’est ainsi imposée en quelques années sur le marché du tatouage vidéo pour le cinéma numérique avec la technologie NexGuard (récemment reprise par le suisse Kudelski).

Les cinq cofondateurs de ContentArmor

De façon plus globale, le tatouage vidéo intéresse les studios de post-production, les hôtels ou les compagnies d’aviation, les opérateurs de télévision payante et les fournisseurs de vidéo à la demande. « C’est toutefois dans le domaine de la diffusion au grand public qu’une forte demande est attendue dans les années à venir, à la fois pour combattre le piratage d’événements diffusés en direct sur les chaînes de TV payante et pour satisfaire les studios hollywoodiens qui imposent dorénavant l’intégration de cette technologie pour accéder à leurs contenus premium et notamment aux films en ultra-haute définition », précise Alain Durand, cofondateur et dirigeant de la toute jeune société bretonne ContentArmor, créée en février 2016 et justement positionnée sur le marché du tatouage de contenus vidéo. Avec une approche que la start-up considère comme différente de celles présentes sur le marché aujourd’hui.

Un travail sur le flux vidéo compressé

« Habituellement, les systèmes de tatouage interviennent directement sur les pixels du signal vidéo décodé, détaille Eric Bénetière, également cofondateur et vice-président marketing et ventes de ContentArmor. Nous, nous travaillons dans le domaine encodé, ou compressé, sur des flux MPEG-4, H.264, HEVC, etc., une caractéristique qui est gage de rapidité de traitement et qui permet d’insérer notre technologie à n’importe quel point de la chaîne de distribution de contenu. » Dans la pratique, l’offre de la start-up se décline en deux modules interdépendants : un « Profiler » et un « Embedder ». Le premier analyse le flux binaire encodé en vue de repérer les meilleurs endroits où placer les marques, puis génère et formate les métadonnées d’intégration desdites marques à envoyer aux Embedders. A charge pour ces derniers de marquer effectivement le contenu avec un identifiant unique propre à chaque équipement en fonction des instructions émises par le Profiler. Cet identifiant permettra alors de remonter à l’éventuel contrevenant en cas de copie et de rediffusion du contenu non autorisées. « L’Embedder peut être embarqué un peu partout et, dans les applications grand public, on pourra en placer dans des décodeurs ou des écrans TV, des smartphones ou des tablettes, précise Eric Bénetière. Et comme toute la complexité de notre système de tatouage de contenus vidéo est située dans le Profiler, c’est-à-dire dans le réseau, l’Embedder est une bibliothèque binaire très légère peu gourmande en ressources. Avec, là encore, un autre critère différentiateur de notre approche : la possibilité de le télécharger dans un terminal client déjà déployé sur le terrain ! »

Principe générique du tatouage de contenus vidéo (source : ContentArmor)

Le savoir-faire de ContentArmor, bâti sur de fortes connaissances en technologies vidéo, est évidemment issu d’un certain historique, les cinq fondateurs (Eric Bénetière, Alain Durand, Séverine Baudry, Gwenaël Doërr et Christophe Vincent) ayant acquis leur expertise au sein d’entreprises comme Philips, Thomson, Technicolor ou Nextamp (société à l’origine de la technologie de tatouage vidéo NexGuard). « Nous avons notamment pu reprendre les actifs, y compris le code source, les brevets et les marques commerciales, de la technologie de tatouage de contenus vidéo développée depuis 2009 sur la région rennaise par Technicolor, une activité que le groupe avait décidé d'arrêter en 2015 », se souvient Eric Bénetière.

Lauréat du concours i-Lab

Actuellement la start-up commercialise déjà un produit compatible MPEG-4 AVC et prépare une version pour la vidéo à ultra-haute définition (4K, HDR, etc.) dont la sortie est annoncée pour les prochaines semaines. « Nous nous adressons en premier lieu aux producteurs ou aux revendeurs de contenus à l’instar de l’un de nos premiers clients officiels, l’américain MediaSilo, qui fournit une plate-forme de partage de vidéos sécurisée, ajoute le vice-président marketing et ventes de ContentArmor. Nous visons aussi le marché de la diffusion dans des lieux privés ou publics, et nous serons présents sur le créneau à fort potentiel de la distribution TV vers le grand public. Nous avons déjà entamé en ce sens des négociations avec plusieurs opérateurs de télévision payante en France et à l’étranger. Ce dernier marché, c’est le pari que nous faisons, devrait fortement croître à partir de 2017. » Installé dans la pépinière Germanium de Rennes Métropole sur Rennes Atalante Beaulieu, ContentArmor compte aujourd’hui une dizaine de personnes. La start-up a été primée cette année à l’occasion du 18e concours national i-Lab d’aide à la création d’entreprises.