BayLibre porte haut un savoir-faire français pointu sur Linux embarqué

BayLibre

Grâce à une expertise de plusieurs dizaines d'années acquise au sein de Texas Instruments, la start-up sophipolitaine BayLibre propose un savoir-faire pointu de haut niveau autour de Linux embarqué et des techniques d'optimisation logicielle de la consommation des objets connectés. Des compétences que de jeunes sociétés américaines... et Google ont d'ores et déjà su utiliser. ...

Benoit Cousson, cofondateur de BayLibre
 
Rien ne se crée, tout se transforme. Après l’arrêt des activités dans la téléphonie mobile de Texas Instruments sur le site de Villeneuve-Loubet à Sophia Antipolis, certains ingénieurs de haut niveau, parmi les dizaines qui se sont retrouvés "libres", ont très rapidement décidé de tirer parti de leur expertise pointue acquise au sein d’une société de taille mondiale pour créer leur propre entreprise. C’est le cas de Benoit Cousson qui, avec quatre autres ex-ingénieurs de TI, a fondé en 2013 BayLibre, une société de services, et bureau d’études, spécialisée en Linux embarqué.
 
« Notre idée avec la création de BayLibre, qui a été incubé à ses débuts au sein de la structure PACA-Est, était de rassembler une équipe d’experts en Linux embarqué, passionnés par le domaine de l’open source, dans un même lieu physique pour favoriser au maximum les échanges d’idées et la créativité entre développeurs, raconte Benoit Cousson, CEO de la jeune société. Car, au moment de notre départ de TI, nous avions fait le constat qu’il y avait une forte pénurie d’experts Linux de haut niveau en France et dans le monde, alors que dans le même temps le marché des objets connectés était en train de décoller, surtout aux Etats-Unis. Or ces objets tirent parti pour la plupart de technologies initialement développées pour la téléphonie mobile, notre domaine d’expertise. »
 
Profiter du réseau des ex-ingénieurs de TI
 
Résultat, BayLibre a su très rapidement profiter du réseau des ex-ingénieurs de TI dans le monde pour démarrer ses activités. Avec à la clé, par exemple, la participation au développement du casque “intelligent” de la start-up californienne Skully qui procure à l’utilisateur une vision tête haute et intègre une caméra. BayLibre a ainsi porté et optimisé un système d'exploitation Android (JellyBean) sur la plate-forme matérielle. Le Français a aussi apporté ses compétences au système de visio- et web conférence sur la TV de la jeune société Highfive, elle aussi californienne, pour laquelle BayLibre a développé un BSP Linux et intégré une distribution Yocto. Une expertise de pointe qui a permis aussi à la start-up sophipolitaine de s’insérer dans le projet de smartphone à la carte ARA, porté par Google, un terminal que le consommateur pourra personnaliser en assemblant selon ses besoins divers modules, un peu comme un Lego. Sur ce développement qui a démarré depuis septembre 2014 et qui offre une vitrine de prestige à BayLibre, la société travaille sur les pilotes logiciels embarqués et sur l’optimisation de la consommation d’énergie.
 
BayLibre est impliqué dans le projet ARA de Google
 
« En fait,au sein d’ARA qui est basé sur des cœurs Cortex-M3 et M4, ce n’est pas un Linux qui est embarqué, mais un protocole baptisé Unipro qui utilise des appels Linux. Et c’est notre connaissance fine des mécanismes de ce système d’exploitation et notre expertise dans  l’optimisation de la gestion de l’énergie qui sont à l’origine du choix des responsables du projet ARA de faire appel à notre savoir-faire », commente  Benoit Cousson. Car, au fond, le cœur de l’expertise de BayLibre se situe bien ici : dans les techniques logicielles d’utilisation du noyau Linux qui permettent de réduire la consommation des systèmes embarqués (baisse de fréquence des processeurs en fonction de l’usage, gestion des horloges, mise en veille rapide…). « Avec une prédilection pour les gros objets connectés haut de gamme basés sur des coeurs Cortex-A9 ou A15 », précise Benoit Cousson.

Des pilotes pour les SoC R-Car de Renesas
 
Au-delà, BayLibre a développé des pilotes logiciels embarqués pour des circuits audio de NXP ou pour la plate-forme SoC R-Car H2 de Renesas, là où la consommation d’énergie est primordiale. Cette connaissance sur les problématiques de gestion d’énergie a aussi poussé l’équipe de BayLibre à développer une série de modules matériels d’analyse de la consommation d’un système embarqué (ACME, Another Cute Measurement Equipment) sous la forme de cartes additionnelles pour la plate-forme en open source BeagleBone Black (on parle de capes pour ces modules dans l’écosystème BeagleBone). Une activité complémentaire qui est à relier à l’intérêt toujours aussi vif des équipes de BayLibre à participer à des projets dans l’open source comme Sigrok, une suite logicielle libre d'analyse de signaux électroniques supportant une multitude de périphériques de mesure.
 
Actuellement BayLibre, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 600 000 euros pour son premier exercice, compte d’ores et déjà 12 collaborateurs et vient d’ouvrir un bureau aux Etats-Unis à New York. « D’un point de vue commercial, c’était devenu une nécessité, explique Benoit Cousson. Car nous réalisons 80% de notre chiffre d’affaires dans ce pays. Mais, pour la partie recherche et développement, les investissements humains seront réalisés en France. » Quant à la progression escomptée, BayLibre espère doubler son chiffre d’affaires en 2016 pour atteindre 1,2 million d’euros.
 
« Le véritable frein à notre croissance n’est pas le marché lui-même, mais la difficulté aujourd’hui à recruter des ingénieurs de haut niveau en Linux embarqué, explique Benoit Cousson. Les autres freins sont liés à la structure du marché européen, qui n’ a pas encore reconnu complétement la valeur ajoutée du logiciel, et aux sommes qu’il faut investir pour se différencier de la concurrence, contrairement aux Etats-Unis où les sociétés investissent massivement dans le domaine du logiciel embarqué. »