L’australien Myriota lève 15 M$ pour populariser son Internet des objets par nanosatellites

[EDITION ABONNES] Les projets se multiplient qui visent à mettre à contribution des nanosatellites pour assurer une connectivité Internet bas débit et bas coût à une multitude d’objets et d’équipements situés dans des zones non couvertes par des réseaux terrestres. ...Ces dernières semaines, on a ainsi vu Eutelsat s’engager à lancer en 2019 un nanosatellite baptisé ELO (Eutelsat LEO for Objects) qui servira à évaluer les performances d’un satellite en orbite basse (LEO pour Low Earth Orbit) pour l’échange de données à bas débit avec des objets au sol. L’opérateur compte à cet effet s’appuyer sur la technologie de la société Sigfox, dont Eutelsat est actionnaire et dont le réseau terrestre bas débit dévolu à l’Internet des objets (IoT) couvre aujourd’hui près de 50 pays.

De son côté, l'américain Semtech, propriétaire de la technologie de communication radio longue portée et basse consommation LoRa, s’est associé à la firme britannique Lacuna Space, créée en 2016, à l’Agence spatiale européenne (ESA) et au suisse Parametric pour étendre, grâce à la connectivité satellite, la couverture des réseaux compatibles avec le protocole LoRaWAN de l’alliance LoRa. L’idée étant de combler les zones "blanches" hors de portée des stations de base terrestres LoRaWAN et d’offrir une couverture mondiale continue. Dans le détail, Lacuna Space compte déployer une constellation de satellites de type CubeSat placés en orbite polaire basse à environ 500 km de la Terre et capables de réceptionner des messages émis par des capteurs équipés de la technologie LoRa et installés au sol. Chaque nanosatellite, dont la taille est similaire à celle d’une boîte à chaussures, pourra décrire une orbite complète en 100 minutes et, rotation de la Terre aidant, l’ensemble de la constellation couvrira alors l’ensemble du globe.

Il y a quelques jours, c’est la société australienne Myriota qui est entrée dans la ronde et par la grande porte qui plus est. Créée en 2015 par essaimage de l’université d’Australie du Sud, cette jeune entreprise a réussi à lever 15 millions de dollars afin de déployer un service Space 2.0 pour l’IoT. Une somme que lui ont apportée deux capitaux-risqueurs du pays des kangourous, ainsi que Boeing HorizonX Ventures, le fonds d’investissement de l’avionneur américain qui injecte pour la première fois de l’argent hors des Etats-Unis…

Testée depuis l'année dernière, la technologie de Myriota s’appuie sur des émetteurs peu onéreux, architecturés autour de modules radio compacts (photo ci-dessous) et capables d’envoyer de petits paquets de données (24 octets) directement vers une constellation de nanosatellites (20 x 20 cm). Ceux-ci sont placés en orbite polaire à environ 800 km de la Terre afin, explique la société, d’offrir une connectivité IoT abordable sans l’aide d’une infrastructure déployée au sol. Les satellites sont alors capables d’agréger toutes les informations reçues d’un grand nombre de ces émetteurs et de les relayer vers la Terre où ils sont décodés et routés vers les utilisateurs finaux ad hoc.

Avec les 15 millions de dollars levés, Myriota, qui compte lancer officiellement sa solution de connectivité IoT « direct-to-orbit » cette année, prévoit de lancer plus de satellites (la société s’appuie pour l’heure sur la constellation de satellites en orbite basse opérée par le canadien exactEarth, qui a investi dans la firme australienne en novembre 2015), de s’engager dans des déploiements IoT de grande échelle, et de s’implanter en Amérique du Nord et en Asie. Une cinquantaine de personnes devraient par ailleurs rejoindre un laboratoire flambant neuf dans lequel Myriota a investi 1,36 million de dollars et dont la mission est d’intégrer la technologie de la start-up dans des produits et services pour les marchés de l’agriculture, de la Défense, des services publics, de la surveillance de l’environnement, du suivi de biens et de la logistique.