Sigfox étend son ombre sur le marché de la ville intelligente et du bâtiment connecté

[SPECIAL ABONNES] Alors que Sigfox assure aujourd’hui couvrir l’intégralité du territoire français avec son réseau cellulaire bas débit et longue portée dédié aux applications du M2M et de l’Internet des objets, la jeune société française engrange inexorablement les contrats qui étoffent sa vitrine. ...L’entreprise toulousaine a ainsi été retenue par la société Bayard pour connecter à terme les quelque 700 000 bornes d’incendie signées par la filiale du groupe allemand Talis.

Au cœur de l’accord signé entre les deux sociétés se trouve un module électronique du nom de Copernic, développé par Bayard à Meyzieu (69) près de Lyon, et dont la tâche est de surveiller en temps réel un parc incendie en horodatant toutes les informations relatives à son fonctionnement : renversement des bornes (détecté via un capteur d’inclinaison), seuil de température atteint, trop longue ouverture du capot, etc. Toutes les données et relevés sont alors disponibles sur un portail Web dédié, accessible par les collectivités locales et les entreprises qui gèrent un parc incendie donné. Avec, à la clé, une connaissance de l’usage des bornes en continu, une estimation des volumes d’eau puisés, la surveillance des puisages, l’optimisation du rendement du réseau, la lutte contre la fraude, etc. Selon Bayard, le module électronique, couvert par des brevets en cours de dépôt, fonctionne sur une pile lithium avec une autonomie de l’ordre de dix ans.

Chasse aux gaspis énergétiques

Autre contrat significatif remporté par Sigfox, celui signé avec Cofely Services, société de services en efficacité énergétique et environnementale et filiale d’Engie (ex-GDF Suez). Ici le choix du réseau bas débit de l’opérateur vise à permettre à Cofely de renforcer son expertise en matière de suivi, de traitement et d’analyse des données et de proposer à ses clients, entreprises ou collectivités, des coûts de performance énergétique plus compétitifs que ceux autorisés avec des technologies cellulaires de type GSM. L’objectif est de connecter d’ici trois ans au moins 100 000 objets dans des bâtiments « intelligents », notamment des capteurs de température ou de comptage d’eau ou d’énergie.

Dans la pratique, Cofely Services a déjà intégré la technologie de connectivité Sigfox à ses solutions de services existantes, notamment son interface de supervision CofelyVision et son portail de comptage communicant Vertuoz Monitoring. Elle est actuellement testée sur deux sites pilotes, l’un pour le compte d’un bailleur social à Drancy (Seine-Saint-Denis) et l’autre au CNRS de Strasbourg. Trois autres projets sont à l’étude, représentant au total 1 500 sites et 7 500 objets connectés. « Les gains considérables en termes d’installation et de mise en œuvre nous permettent de proposer nos services pour de nouveaux bâtiments, tels que des multi-sites, ou des bâtiments difficiles d’accès, a précisé Jean-Pierre Monéger, directeur général de Cofely Services. Le réseau Sigfox adossé à notre expertise rend par ailleurs possible la publication intelligente des consommations qui seront remontées et analysées en temps réel ». On se souviendra qu'Engie, la maison mère de Cofely Services, a participé au tour de table de 100 millions d'euros levés par Sigfox en février 2015...

Un premier détecteur de fumée connecté via Sigfox   La technologie Sigfox a aussi été retenue par la toute jeune société alsacienne Cobject, créée en mai 2014 et basée à Burnhaupt-le-Haut près de Mulhouse. Tant et si bien que celle-ci est aujourd’hui la première à proposer un détecteur de fumée compatible avec ce procédé de communication. Actuellement en cours de certification NF292 et EN14604, Smockeo, c’est son nom, peut déjà être précommandé. Sa commercialisation officielle est prévue d’ici à la fin 2015, même si des kits de démarrage sont déjà proposés à certains partenaires de la jeune pousse française (bailleurs sociaux, revendeurs incendie, assureurs…) (lire notre article ici). Pour Cobject, l’utilisation du réseau Sigfox a l’avantage, par rapport au GSM, d’éviter l’obligation d'intégrer une carte SIM dans le détecteur connecté et de payer un abonnement ad hoc et, par rapport au Wi-Fi, de se passer d’un câblage électrique dans l’habitation, alimentation de la box oblige. Une caractéristique d’importance lorsque l’on sait qu’en cas d’incendie l’installation électrique peut être rapidement mise hors d’usage.   A noter que Cobject a récemment signé un accord avec Intent Technologies, société lilloise créée en 2011, afin d’intégrer Smockeo à la plate-forme logicielle dédiée aux bâtiments connectés IntentOS. Cette plate-forme qui équipe déjà plus de 250 000 logements en France pourra ainsi synthétiser les informations des détecteurs et mettre à disposition des habitants et des professionnels de l’habitat (gestionnaires de parc immobilier, prestataires de service, constructeurs, exploitants, installateurs…) un état des lieux de la sécurité dans les logements équipés. Avec de nouvelles applications à la clé comme l’alerte et la prévention à l’échelle d’une résidence, l’optimisation de la maintenance, la délimitation claire des responsabilités en cas de sinistre, etc.   Les opérateurs "historiques" sous pression   Ces succès de Sigfox, auxquels il faut ajouter des accords signés avec le fabricant français de capteurs industriels connectés Oceasoft ou avec des collectivités locales dans le domaine des compteurs d'eau communicants, mettent évidemment la pression sur les opérateurs français « historiques » qui ne peuvent se permettre de passer à côté de l’Internet des objets et des applications pour lesquelles les réseaux mobiles de type 2G/3G/4G sont surdimensionnés en termes de coût et de consommation. Pour l’heure, seul Bouygues Telecom a avancé clairement ses pions. Membre fondateur de l’alliance LoRa, l’opérateur français doit lancer ce mois-ci le premier réseau français dédié aux objets communicants et basé sur la technologie LoRa de Semtech, une technologie entrant directement en concurrence avec celle de Sigfox. Le réseau, qui ouvrira d'abord à Issy-les-Moulineaux et sur une partie de Paris, s’appuiera sur le parc de points hauts du réseau de Bouygues Telecom qui compte plus de 15 000 sites. Dès la fin de l’année, près de 500 communes seront couvertes par ce réseau IoT, dont Paris, Marseille, Lyon, Lille, Nice, Rennes, Nantes, Montpellier et Angers. De son côté, Orange est plus prudent et se contente pour l’heure de tester la technologie LoRa depuis quelques semaines sur Grenoble et son agglomération. A suivre donc.