EnerBee transforme en énergie électrique le mouvement des objets connectés

Créée en février 2014, la jeune société EnerBee proposera à partir de l'année prochaine des générateurs d’énergie autonomes aptes à transformer en énergie électrique les mouvements, même si ceux-ci sont lents et/ou irréguliers. Une caractéristique qui doit permettre à ces générateurs de remplacer les piles et les batteries dans des dispositifs et équipements connectés sans fil sur des marchés comme les compteurs d'énergie, la domotique, la logistique, l'industriel, l'automobile ou les objets portés sur soi. ...

A l’heure où le tout-connecté imprègne des pans entiers de l’industrie (domotique, contrôle d’accès, compteurs d’eau et de gaz intelligents, dispositifs portés sur soi, etc.), la question de l’autonomie des équipements se pose avec une acuité qui ne cesse de croître. Si certaines start-up, à l’instar du français I-TEN, planchent sur des concepts inédits de microbatteries, d’autres travaillent sur des procédés innovants de récupération d’énergie ambiante, aptes en outre à générer suffisamment d’énergie électrique pour émettre des informations sans fil (et sans pile donc !).   Pierre Coulombeau, cofondateur et CEO d'EnerBee   C’est le cas de la toute jeune société grenobloise EnerBee, créée en février 2014 pour exploiter une technologie développée en commun par le laboratoire de génie électrique G2elab de l’INP Grenoble, le CEA-Leti, le CNRS et l’université Joseph Fourier Grenoble I. « Les travaux sur les concepts qui sous-tendent notre technologie ont démarré il y a trois-quatre ans, rappelle Pierre Coulombeau, cofondateur et président d’EnerBee. Mais ce n’est vraiment qu’en 2013 que s’est installée dans les esprits l’idée de créer une entreprise chargée de développer des générateurs d’énergie autonomes capables de remplacer les piles et les batteries dans des objets dotés de mouvements, même si ceux-ci sont lents et/ou irréguliers. »   Dans la pratique, la jeune société a l’intention de proposer à terme deux catégories de produits associant au sein d’un même module la récupération de l’énergie, son stockage éventuel et les fonctions de mise à disposition de cette énergie sous forme électrique. Dès janvier 2015, EnerBee lancera ainsi la commercialisation de kits d’évaluation de générateurs d’énergie autonomes de type rotationnel. Suivront ultérieurement des générateurs de type inertiel qui intéresseront directement le marché des dispositifs portés sur soi comme les montres connectées.   Un démonstrateur de la technologie de récupération d'énergie d'EnerBee   « Tous nos produits seront architecturés autour du même cœur de générateur qui associe de façon unique les avantages respectifs de la piézoélectricité, qui s’avère indépendant de la vitesse à laquelle s‘effectuent les mouvements, et du magnétisme qui, lui, ne nécessite pas de contact et qui, de ce fait, peut traverser des parois, détaille Pierre Coulombeau. D’un point de vue technique, notre générateur fonctionne de la façon suivante : un mouvement actionne des aimants qui font varier le champ magnétique autour d’un matériau piézoélectrique qui se déforme sous l’action de ce champ et qui, par conséquent, génère de l’électricité. Cette méthode de récupération d’énergie est indépendante du type de mouvement. Que celui-ci soit périodique ou irrégulier, qu’il soit lent et inférieur au tour par minute ou qu’il soit rapide et supérieur à plusieurs milliers de tours par minute, on génère toujours la même énergie par unité de mouvement. C’est là que se situe la valeur ajoutée d’EnerBee par rapport à d’autres approches. »   Testé dans un compteur de gaz communicant Gazpar   Cette technologie intéresse déjà plusieurs secteurs industriels comme la maison et le bâtiment intelligents où les produits aptes à fonctionner sans fil et sans pile sont de plus en plus recherchés : interrupteurs, variateurs de lumière ou de température, thermostats, etc. « Nous avons effectué plusieurs démonstrations dans ce domaine d’activité où nous avons prouvé que notre générateur autonome fournissait suffisamment d’énergie pour alimenter une liaison radio compatible avec les protocoles EnOcean ou ZigBee Green Power », assure le président d’EnerBee. La jeune société a également démontré que sa technologie était parfaitement à même d’alimenter la fonction de télérelève dans les compteurs d’eau ou de gaz communicants, une fois le générateur positionné sur l’élément en mouvement utilisé pour mesurer le flux de fluide traversant le compteur. « Nous avons notamment travaillé avec GDF Suez pour équiper un compteur de gaz intelligent Gazpar d’un tel système permettant d’effectuer une télérelève par voie radio… sans pile », révèle Pierre Coulombeau.     Les secteurs des machines industrielles, de la logistique (pour le suivi de colis en mouvement par exemple), ou de l’automobile (ABS, alterno-démarreurs, mesure de la pression des pneus…), là où le remplacement des câbles par un lien sans fil peut s’avérer payant, sont aussi dans la ligne de mire d’EnerBee. La start-up collabore d’ailleurs déjà avec le fabricant de roulements à billes SKF afin d’équiper à terme certains de leurs produits avec des générateurs d’énergie capables de faire remonter des données sur le fonctionnement des roulements, le but étant d’en analyser l’état et de mettre en place une stratégie de maintenance prédictive. Les générateurs d’EnerBee permettront aussi d’ajouter des fonctions de capteurs autonomes aux roulements à billes, rendant possible l’utilisation de ces derniers dans d’autres applications...   Un kit d'évaluation disponible début 2015   « Notre technologie est compatible avec une intégration sur une puce et nous travaillons en parallèle sur la réduction des dimensions de nos générateurs afin de cibler des applications de grand volume, notamment dans le domaine des dispositifs électroniques portés sur soi, là où les utilisateurs sont intéressés par la très basse consommation », ajoute le dirigeant d’EnerBee. La société n’en est pas encore là toutefois et le kit d’évaluation qu’elle compte commercialiser à partir du début de l’année prochaine ciblera les applications industrielles et affichera les dimensions d’un bouchon de bouteille d’eau de 2,5 cm de diamètre pour 1,2 cm de hauteur. « Dans des applications de type rotationnel, nous avons l’habitude de comparer notre technologie au traditionnel générateur à induction qui, lui, a l’inconvénient d’être inopérant à faible vitesse, précise Pierre Coulombeau. Globalement, notre générateur affiche, à volume comparable, une efficacité supérieure de plusieurs ordres de grandeur et ce jusqu’à plus de 10 000 tours par minute. »   Jérôme Delamare, cofondateur et CTO d'EnerBee   Créée par Pierre Coulombeau, Jérôme Delamare (qui a reçu en juin le prix spécial du jury Création-Développement au concours i-LAB du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche), Thibault Ricart, Orphée Cugat et Bernard Viala, la jeune entreprise grenobloise compte déjà un effectif d’une dizaine de personnes.   EnerBee, qui a bénéficié d’un apport d’un million d’euros pour son financement initial, a déjà prévu de procéder à une levée de fonds afin de financer ses développements et mettre en route une production de volume à l’échéance de 2016.