Internet des objets : les processeurs de contrôle d'eVaderis concilient performances et autonomie

Créée en septembre 2014, la société grenobloise eVaderis compte proposer d'ici à la fin 2016 des processeurs de contrôle pour le marché professionnel haut de gamme de l'Internet des objets. Ces processeurs, qui associeront des fonctions logiques en technologies Cmos et des mémoires non volatiles de dernière génération comme les MRam-STT, sauront associer hautes performances et ultrabasse consommation. ...   « Aujourd’hui, les fabricants d’objets connectés fonctionnant sur piles doivent constamment trouver un compromis entre performances et autonomie. Mais, en raison d’une consommation excessive, en particulier au niveau de la fonction de communication, de nombreuses applications sont limitées, voire interdites. Il faut donc faire en sorte que la puce intégrée dans l’objet exécute elle-même le maximum de traitements sur les données avant envoi (stockage, analyse, compression), et ce avec une consommation réduite ! C’est justement l’objectif que nous nous sommes fixé en créant eVaderis. » Voilà comment Jean-Pierre Nozières, cofondateur d'eVaderis, résume en quelques phrases l'ambition de cette jeune société grenobloise qui a vu officiellement le jour en septembre 2014 avec l'objectif de lancer d’ici à la fin 2016 des processeurs de contrôle à ultrabasse consommation pour l’Internet des objets.   Jean-Pierre Nozières, cofondateur d'eVaderis   « Dédiée aux marchés professionnels haut de gamme, notre offre ciblera plus particulièrement les équipements sans fil à grande autonomie et fonctionnant sur batterie, qui doivent traiter des données potentiellement massives, continue Jean-Pierre Nozières. Les caméras de vidéosurveillance déployées dans des endroits isolés ou des environnements difficiles (dans le secteur de l’exploration pétrolière par exemple) ou les dispositifs médicaux embarqués sur le corps humain, comme les électrocardiographes portables, en sont deux exemples typiques. » Pour arriver à ses fins, la jeune entreprise compte associer, au sein de ses processeurs, des fonctions logiques en technologies Cmos et des mémoires non volatiles de dernière génération comme les MRam-STT (Magnetic Random Access Memory - Spin Transfer Torque). Un type de mémoire qui affiche des consommations en mode actif nettement plus faibles que les mémoires flash non volatiles et qui n’exigent pas d’être alimentées en veille comme les mémoires SRam…   « En fonction des cas d’usage, on peut gagner un facteur compris entre 10 et 10 000 en termes de consommation électrique, soutient le cofondateur d’eVaderis. Mais pour atteindre ces objectifs, on ne peut pas se contenter de remplacer les blocs mémoire SRam ou flash par de la MRam. Nous obtiendrons ces gains substantiels en repensant l’architecture même du processeur et de ses périphériques pour tirer le plein bénéfice de la technologie MRam. Nous avons d’ailleurs déjà développé nos propres outils de CAO pour effectuer ce travail. »   Les propriétés des futurs processeurs de contrôle d'eVaderis      Que la start-up fasse appel à des technologies MRam n’est en fait guère une surprise. La jeune société est un essaimage de Spintec, le laboratoire mixte du CEA, du CNRS, de l’université de Grenoble I et de Grenoble INP fondé il y a une dizaine d’années pour établir un pont entre la recherche fondamentale sur l’électronique de spin et ses applications. eVaderis est en fait la deuxième start-up générée par Spintec après Crocus Technology, fondé en 2004 pour commercialiser sous le nom de MLU (Magnetic Logic Unit) une technologie de mémoire MRam particulièrement fiable et endurante. « Le positionnement d’eVaderis est toutefois différent car nous nous présentons véritablement comme une société fabless qui utilise les technologies disponibles auprès des fondeurs de semi-conducteurs et dont les clients seront en premier lieu des systémiers », insiste Jean-Pierre Nozières qui fut directeur exécutif de Spintec et directeur technique de Crocus.  

Les cinq fondateurs d'eVaderis

Pour l’heure, la jeune entreprise, qui est logée dans les locaux de Minatec à Grenoble, compte une dizaine de personnes dont les cinq fondateurs, Virgile Javerliac, un ancien d’ARM et actuel CEO d’eVaderis, Fabrice Bernard-Granger, Christophe Layer, Jean-Pierre Nozières et Bernard Dieny. « Nous avons déjà développé toutes les briques de base dont les outils de CAO, les compilateurs mémoire, les IP et diverses briques périphériques, détaille Jean-Pierre Nozières. Dans un premier temps, afin d’arriver rapidement sur le marché, nous allons assembler ces briques dans un produit relativement simple où l’essentiel tiendra dans le remplacement des blocs mémoire par de la MRam-STT et dans quelques optimisations au niveau des mécanismes de la gestion de la consommation. »

Un tour de table bouclé avant l'été 2015

Gravés en technologie 90 nm ou 65 nm, ces processeurs de première génération nécessitent encore dix-huit mois de développement et devraient être lancés sur le marché vers la fin 2016. Un second produit, doté cette fois-ci d’une architecture intégralement optimisée pour tirer profit de la technologie MRam à l’échelle de toute la puce, y compris le cœur « ARM-like », devrait suivre un an plus tard. En attendant, eVaderis a prévu de boucler d’ici à l’été 2015 un premier tour de table dont le montant serait idéalement de neuf millions de dollars. Une somme qui permettrait à la start-up d’embaucher une équipe d’une vingtaine de personnes et de mener à bien ses développements jusqu’à la mise sur le marché de son premier produit.