La voiture connectée booste le marché des systèmes télématiques embarqués

[SPECIAL ABONNES] Les constructeurs automobiles qui souhaitent proposer des services connectés aux conducteurs (et aux passagers) peuvent choisir entre plusieurs options de connectivité, options qui ne sont d’ailleurs pas mutuellement exclusives. ...

Selon Berg Insight, trois alternatives principales existent à l’heure actuelle : les systèmes télématiques embarqués dotés d’une interface cellulaire, les téléphones mobiles reliés d’une manière ou d’une autre au tableau de bord (MirrorLink, Android Auto, CarPlay, etc.) et les smartphones intégrés. Dans ce cadre, la société d’analyses de marché prévoit que les ventes annuelles de systèmes télématiques embarqués en première monte devraient progresser de 30,6% en moyenne entre 2013 et 2020, passant de 8,4 millions d’unités l’année dernière à 54,5 millions d’ici à la fin de la décennie. Parallèlement, le nombre d’automobiles commercialisées avec, en standard, des tableaux de bord dotés de fonctions télématiques associées à l’usage d’un téléphone mobile pourrait être quasiment multiplié par dix pour atteindre 68,5 millions de véhicules en 2020 (contre 7 millions en 2013).

CarPlay, Android Auto...

Avec CarPlay, Apple, rappelons-le, vise à offrir une solution de connectivité dont la fonctionnalité première est de rendre disponibles sur un écran intégré au tableau de bord les applications et les services d’un téléphone mobile compatible iOS, une fois les deux équipements reliés entre eux. L’écosystème gravitant autour de l’iPhone étant ce qu’il est, de nombreux constructeurs automobiles (Ford, BMW, Audi, Mercedes, Jaguar/Land Rover, Toyota, Nissan, Volvo…) ont annoncé vouloir  produire des véhicules dotés de fonctionnalités CarPlay... Face à cet accueil, le cabinet d’analystes ABI Research n’hésite pas à prédire, de son côté, que plus de 24 millions de nouveaux véhicules seront ainsi équipés en 2019. Et il faudra aussi compter avec la plate-forme de connectivité Android Auto, enfant chéri de l’Open Automotive Alliance fondée il y a quelques mois par Google… Une alliance qui a déjà le soutien de 40 constructeurs de véhicules et qui annonce de premières automobiles équipées dès cette année !

Pour Berg Insight, les moteurs de l’engouement des constructeurs automobiles envers les systèmes télématiques embarqués sont d’ordre à la fois commercial et réglementaire. En Europe par exemple, il faudra compter avec l’obligation d’intégrer dans les nouveaux véhicules le système d’appel d’urgence paneuropéen eCall. Une obligation d’abord fixée à octobre 2015 et récemment repoussée à 2017. Sur d’autres marchés comme l’Amérique du Nord ou le Japon, les services télématiques au catalogue des constructeurs automobiles, perçus d’abord comme un critère différentiateur, se sont désormais généralisés et sont aujourd’hui offerts par la plupart des grandes marques. L’assistance routière en cas d’appel d’urgence, la recherche et la localisation de véhicules volés, la navigation et l’info-divertissement en temps réel, ainsi que les applications de commodité (commande à distance de l’ouverture des portes ou du chauffage, informations sur l’état du véhicule, dernier emplacement de stationnement…) figurent ainsi au rang des services pour « voiture connectée » les plus souvent proposés. D’autres applications existent, ajoute Berg insight, comme l’assurance au kilomètre parcouru, la gestion de flottes de véhicules de location ou le télépéage autoroutier.

Si la plupart des services télématiques peuvent s’appuyer sur n’importe quel type de connectivité, la société d’analystes estime toutefois que la connectivité enfouie reste l’option la plus appropriée pour les applications telles que les appels d’urgence en cas d’accident, la localisation de véhicules volés et les applications de commodité. Pour Berg Insight, le nombre d’abonnés à des services télématiques basés sur l’usage de systèmes embarqués devrait ainsi progresser en moyenne de 38,1% par an et passer de 16,6 millions d’abonnés en 2013 à 158,9 millions en 2020.

Un taux de renouvellement relativement bas

« L’un des critères principaux qui risquent d'avoir une incidence sur la croissance du nombre d’abonnés actifs est la durée de la période gratuite d’essai inclus dans le prix des nouveaux véhicules », nuance André Malm, analyste senior chez Berg Insight. Cette période est comprise entre 6 et 12 mois chez Chrysler, GM, Mercedes-Benz, Toyota et Volkswagen, mais s’étend à trois ans chez Hyundai et 10 ans chez BMW. « Le taux de renouvellement des abonnements télématiques après la période d’essai gratuite est actuellement relativement bas », constate M. Malm.

Néanmoins les marques commencent à lancer des services dans le cloud qui simplifient la personnalisation d’offres télématiques packagées pour coller au plus près des besoins de chaque utilisateur, note le cabinet d’analystes. Ainsi, plusieurs constructeurs automobiles proposent désormais des boutiques d’applications en ligne que les propriétaires de véhicules peuvent télécharger directement dans l’équipement d’info-divertissement embarqué. « Les solutions de facturation partagée que les opérateurs mobiles ont mises en place depuis peu permettent aussi une meilleure flexibilité des modèles économiques des constructeurs automobiles qui proposent des services télématiques à leurs clients », ajoute André Malm. Avec la facturation partagée, les constructeurs peuvent par exemple proposer un forfait incluant l’eCall, l’assistance routière et le diagnostic, et valable pendant toute la durée de vie du véhicule, et facturer à part les applications large bande comme l’info-divertissement ou la connexion de l’automobile à des hot spots.