Qualcomm et l’embarqué : une histoire qui ne fait que commencer…

Incontournable sur le marché des processeurs pour smartphones, Qualcomm commence à prendre pied sur d’autres secteurs comme les décodeurs TV. Parallèlement, l’Américain, avec le concours de sociétés comme Intrinsyc ou Inforce Computing, fourbit ses armes pour attaquer les milieux de l’embarqué plus traditionnels. ...

Sur le marché des processeurs d'applications pour smartphones et tablettes tactiles, Qualcomm n’a apparemment plus de leçons à recevoir de personne. Selon Semicast Research, l’Américain, fort de sa présence dominante dans l’arène des terminaux mobiles avec ses Snapdragon, s’est hissé en 2012 à la deuxième place dans la liste des fournisseurs de processeurs « embarqués », appellation qui recouvre les Asic, les ASSP, les PLD, les FPGA, les DSP à usage général et les microcontrôleurs et microprocesseurs 32/64 bits commercialisés hors informatique. Sur ce marché estimé à 90 milliards de dollars en 2012 (contre 80 Md$ en 2010 et 83 Md$ en 2008), Qualcomm (avec ses 10,9% de part de marché) talonne même Intel (12,1%) et pourrait même lui faucher la place de n°1 dès cette année !   Des modules processeurs à base de circuits Snapdragon   Depuis quelque temps, le géant américain n’en aspire pas moins à se faire un nom sur le créneau de l’embarqué au sens traditionnel du terme, duquel on exclut habituellement les smartphones et les tablettes. Une ambition qui a déjà commencé à se concrétiser. Disponibles depuis quelques mois, les cartes de développement, les modules processeurs et les cartes-mères industrielles basés sur les circuits de Qualcomm sont là pour le prouver. A notre connaissance, deux sociétés proposent d’ores et déjà de telles briques de base avec la bénédiction de l’Américain. Le canadien Intrinsyc a ainsi mis à son catalogue deux kits de développement DragonBoard architecturés respectivement autour du processeur quadricœur Snapdragon 800 APQ8074 et du processeur à double cœur Snapdragon S4 Plus APQ8060A, le tout accompagné de deux modules SOM (System On Module), l’un au format Qseven (7 x 7 cm), l’autre au format Sodimm (6,6 x 7,1 cm).   L’américain Inforce Computing, quant à lui, a porté son choix sur le Snapdragon S4 Pro quadricœur APQ8064 et l’a décliné sur une carte-mère Pico-ITX (100 x 70 mm), un module processeur Qseven et une plate-forme de développement au format Mini-ITX (17 x 17 cm), sur laquelle vient d’ailleurs se positionner ce même module (voir photo ci-dessus). Pour être complet, ajoutons que Qualcomm a ouvert cette année un site communautaire en ligne (mydragonboard.org) dédié, justement, aux développeurs de l’embarqué.   Technicolor succombe à Qualcomm   Côté marchés verticaux, s’il est un domaine où le concepteur des Snapdragon a déjà commencé à frapper fort, c’est celui des décodeurs TV et autres box résidentielles. La cabinet d'analystes IHS hisse même Qualcomm au rang de candidat sérieux au démantèlement du duopole formé par Broadcom et STMicroelectronics qui détiennent à eux deux 80% d’un marché des processeurs pour décodeurs TV estimé à deux milliards de dollars. Selon IHS, la firme américaine mène aujourd’hui son attaque par le biais du Snapdragon 600 MPQ8064, un circuit qui associe quatre coeurs Krait à jeu d’instructions ARMv7 cadencés jusqu'à 1,9 GHz, un moteur graphique Adreno 320, un DSP Hexagon, un sous-système multimédia et la connectivité Bluetooth et Wi-Fi. Ce SoC serait en outre capable de décoder un flux HD 1080p compressé selon la toute récente norme HEVC (High Efficiency Video Coding). Une norme devenue le nec plus ultra comme l’a récemment montré le salon IBC de septembre 2013 où Broadcom et STMicroelectronics ont fait assaut d’annonces sur le sujet (voir notre compte-rendu de la manifestation paru dans le magazine L’Embarqué n°3).     Qualcomm a d’ailleurs, lui aussi, profité de l’occasion pour dévoiler le nom d’un premier fabricant majeur d’équipements d’électronique grand public séduit par son offre, Technicolor (ex-Thomson) en l’occurrence. Les deux sociétés collaborent au développement d’un décodeur TV du nom de Svelte (Stimulating Video Experience over LTE) basé sur l’environnement Android et compatible à la fois avec la TNT et la technologie mobile 4G LTE (dont Qualcomm est aussi un spécialiste). C’est le processeur Snapdragon 600 qui sera au cœur de l’équipement, le module LTE permettant la réception de contenus unicast en complément des programmes diffusés traditionnellement en mode broadcast.   Selon IHS, la transition du mobile vers l’électronique grand public apparaît somme toute naturelle pour Qualcomm. La société considère le décodeur TV comme un équipement comparable à un terminal mobile. Une fois l’interface air traversée par le signal à décoder, les tâches assignées au processeur d’applications sont en effet comparables : décodage vidéo, décodage audio, exécution des Apps. Et ces dernières, aujourd’hui largement répandues dans l’écosystème des smartphones, ont vocation à se généraliser à terme dans le domaine de l’audio/vidéo résidentiel… CQFD !