Feeligreen apporte à la dermatologie la maîtrise des courants appliqués à la peauLes rencontres entre les besoins du domaine médical et de la microélectronique, souvent peu perméables, sont parfois surprenantes mais fréquemment riches en potentialités de développement. La preuve en est donnée de manière éclatante par la jeune société Feeligreen, fondée à Grasse en janvier 2012 par Christophe Bianchi. ... Le domaine visé par Feeligreen est celui de la dermatologie, et plus précisément de la dermo-cosmétique, de la dermo-pharmacie et des applications plus médicales liées aux traitements des affections de la peau (cicatrisation et régénération de cellules par exemple) voire aux traitement locaux de la douleur. « Mises en œuvre depuis de nombreuses années, les techniques médicales de l’iontophorèse utilisent le passage d’un faible courant (moins de 0,5 mA/cm2) à travers la peau pour injecter des molécules sous forme ionisée à l’intérieur du derme dans un but thérapeutique, ou bien en extraire dans un objectif de diagnostique. Mais aujourd'hui, elles souffrent d’un manque de précision puisque le courant galvanique passe dans tout le corps et dans tous les organes, explique Christophe Bianchi, le fondateur de la jeune société. Dans la cosmétique, le problème est équivalent. L’absence de maîtrise fine d’un courant appliqué sur la peau limite en effet l’efficacité de ces techniques, pourtant reconnues par le corps médical, par une mauvaise appréciation de la profondeur de pénétration du courant, donc de la zone dans laquelle les molécules actives sont délivrées. » C’est ici que la rencontre avec les technologies actuelles de la microélectronique prend tout son sens. En effet, Feeligreen a développé, en partenariat notamment avec le CNRS, un système sécurisé autonome de délivrance de molécules actives dans la peau via la mise en œuvre d’un courant maîtrisé, localement et en toute sécurité. Une première sur le marché.
Le système développé est basé sur l’intégration d’un microcontrôleur (un PIC de chez Microchip) qui permet de délivrer un courant régulé grâce à la mesure en temps réel de la résistivité de la peau, dont la valeur peut varier énormément en quelques millisecondes. Une mesure des différences de température avec l’extérieur complète l’ensemble et rend le système extrêmement sécurisé grâce à un comportement autoréactif qui empêche tout problème de polarisation excessive du derme, et in fine de brûlure chimique. Un risque qui s'avère bien réel lorsqu'on utilise des sources de tensions fixes, mises en œuvre dans les appareils de iontophorèse traditionnels. L'utilisation de courants pulsés limite ce problème, mais dans ce cas c’est le taux de délivrance de molécules actives dans la peau qui en pâtit et limite l’efficacité du traitement. L'approche de Feeligreen est rendue possible grâce aux algorithmes de contrôle des formes d’ondes du courant délivré et de traitement des données implantés au sein du microcontrôleur. Le système complet a été testé et qualifié au sein de laboratoires, et la combinaison de la technologie et des principes actifs délivrés dans le derme a montré des résultats particulièrement probants dans les applications de traitement des tâches pigmentaires de la peau, de réduction des cernes prononcés ou encore de traitement antiride. Pour l’instant, le système développé par Feeligreen existe sous forme de prototype, avec l’intégration du microcontrôleur, de l’alimentation miniaturisée, du générateur de signaux et des capteurs de résistivité et de température sur un circuit imprimé flexible. Il sera commercialisé dès le début de l’année prochaine. Pour la partie amenée au contact avec la peau toutes les possibilités sont ouvertes : patchs, biotextiles, etc. Le système de délivrance de molécules actives de Feeligreen est réalisée via l'application localisée d'un courant dans la peau dont la valeur est régulée par des algorithmes de contrôle implantés dans un microcontrôleur qui tiennent compte de paramètres externes comme la résistivité de la peau et sa température de contact. Le marché visé par cette approche est immense, avec des chiffres de plus de 50 milliards de dollars pour des systèmes vendus en pharmacie (soulagement de la douleur, patch de cicatrisation, traitement localisé de l’arthrose…), de 20 milliards de dollars pour des systèmes médicaux (administration non invasive et localisée de vaccin) et plus de 5 milliards de dollars pour des systèmes cométiques actifs de régénération de la peau, de traitement des cernes, etc. « Vu l’ampleur du marché, nous souhaitons l’aborder sous la forme de contrats OEM pour notre brique technologique avec des fournisseurs de produits finis, explique Christophe Bianchi. Et dans les trois ans qui viennent nous visons un chiffre d’affaires de 5 à 10 millions d’euros, avec dès cette année de trois à cinq embauches. »
Feeligreen propose sous le nom commercial de Feeligold une première vague de produits pour la cosmétique. Dans le même temps, la société poursuit des recherches de financement auprès de divers fonds d’investissement. L’objectif sera de poursuivre les travaux de R&D avec le milieu médical (avec le développement des applications de surveillance via l’intégration d’une ligne Bluetooth par exemple), d’accélérer la phase de certification des produits (un passage incontournable sur ce secteur d’activité), de conforter l’équipe de commercialisation de la technologie, et de financer aussi la production des circuits imprimés flexibles. |