Avec Green Communications, la qualité de service vient aux réseaux Wi-Fi maillés

Pour couvrir en Wi-Fi des espaces étendus et non câblés, les réseaux maillés représentent souvent la seule solution économiquement viable, mais la qualité de service y a, jusqu’ici, été décevante. Surtout s’il y a beaucoup de connexions simultanées ou un trafic important à écouler. La technologie mise au point par le français Green Communications met un terme à cet état de fait. ...

Le principe des réseaux Wi-Fi maillés, ou mesh networks, est connu depuis longtemps. Dans ce type d’architecture, tous les nœuds sont capables de communiquer entre eux sans passer par l’intermédiaire d’un point central, et chacun d’entre eux peut servir de relais pour des nœuds qui seraient trop éloignés pour communiquer directement. La topologie maillée permet donc d’élargir la couverture radio sans augmenter la puissance d’émission ou la sensibilité de réception, et d’accroître la fiabilité générale du réseau grâce aux possibilités de reroutage des transmissions. Par ailleurs, l’absence de câblage filaire rend a priori l’installation d’un réseau maillé plus rapide que celle d’un réseau Wi-Fi classique et facilite sa densification à partir de quelques nœuds passerelles reliés à Internet.   Malheureusement, jusqu’ici, les réseaux maillés n’ont jamais véritablement trouvé le marché qu’on leur promettait. « Pour couvrir en Wi-Fi des espaces étendus et non câblés tels que les installations sportives, les lieux publics, les rassemblements temporaires, les réseaux maillés représentent souvent la seule solution économiquement viable, mais la qualité de service y est souvent décevante, surtout s’il y a beaucoup de connexions simultanées ou un trafic important à écouler », explique Khaldoun Al Agha, cofondateur et CEO de la jeune société française Green Communications… qui estime justement avoir développé une technologie qui s’affranchit de ce défaut rédhibitoire.   Khaldoun Al Agha, cofondateur et CEO de Green Communications   Créée en juillet 2010 par Khaldoun Al Agha et Guy Pujolle, Green Communications a réussi à industrialiser les résultats de travaux de recherche menés pendant six ans dans les laboratoires de l’Université Paris VI et de l’Université Paris-Sud. Des travaux qui ont porté essentiellement sur le protocole de routage QOLSR (QoS Optimized Link State Routing), un protocole adapté aux caractéristiques des réseaux maillés et renforcé, comme son nom l’indique, par des fonctionnalités de qualité de service. Grâce à cette approche, chaque nœud peut estimer en temps réel la capacité effective de tous les liens radio sur l’ensemble du réseau et effectuer un routage optimisé en fonction du trafic, y compris en milieu bruité ou lors de sollicitations intensives.   Des algorithmes portés sur Raspberry Pi   « Nous avons réussi à porter nos algorithmes sur des plates-formes bas coût dont la consommation d’énergie est très faible, détaille Khaldoun Al Agha. Et nous sommes aujourd’hui en mesure de proposer des modules au format carte de crédit Raspberry Pi qui intègrent notre technologie de réseau maillé. en quelque sorte, nous fournissons des Raspberry Pi en mesh ! Cassidian, EDF et Korea Telecom sont d’ailleurs déjà des clients de Green Communications. »   Dans la pratique, un réseau « Green » est donc constitué de machines sur architecture ARM ou Intel. Celles-ci exécutent un système d’exploitation Linux (Ubuntu) ou apparenté (Buildroot par exemple) ainsi que le logiciel de routage développé par Green Communications et une couche applicative qui permet, à partir d’un simple navigateur, d’accéder à une vue en temps réel de l’état du réseau, de la capacité disponible et du taux d’utilisation de chaque lien. Ces machines, auxquelles se connectent les terminaux utilisateurs et qui fonctionnent de manière distribuée et sans gestion centralisée, sont également capables d’auto-configuration pour intégrer ou quitter le réseau sans aucune intervention humaine.   L'économie d'énergie en ligne de mire   « Toujours dans une optique d’économie d’énergie, nous avons également développé, sous le nom de Start and Stop, un mécanisme qui permet à un dispositif de s’éteindre et de s’activer en fonction des besoins du réseau, ajoute le CEO de Green Communications. Chaque dispositif décide de son état avec la garantie que cette décision n’affectera pas de manière significative la qualité de service globale. » L’approche développée par la start-up se caractérise aussi par son ouverture, les équipements fournis étant essentiellement composés de logiciels libres. A cet égard, ils peuvent être personnalisés et héberger des applicatifs et des données propres au gestionnaire ou au propriétaire du réseau (serveur de téléphonie sur IP, jeu en réalité augmentée, partage de vidéos, réseau IP fermé, etc.). Parmi les marchés potentiels identifiés par Green Communications figurent aussi bien la Défense et la Police que le grand public (à travers des communautés comme les stades, les expositions, les centres commerciaux) ou les opérateurs de réseaux.     A partir d’un simple navigateur, le réseau de machines Green permet d’accéder à une vue en temps réel de l’état du réseau, de la capacité disponible et du taux d’utilisation de chaque lien    Fort des caractéristiques de sa technologie, Green Communications ne manque pas d’ambition et estime pouvoir réaliser un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros à l’horizon 2016. En février 2013, la jeune société a déjà pu bénéficier d’un apport de 600 000 euros du fonds d’amorçage Technocom 2 qui réalisait là son premier investissement. Créé en juin 2012 et géré par Innovacom, Technocom 2 est financé par CDC Entreprises et quatre groupes industriels (Alcatel-Lucent, Orange, Seb et Soitec). « Cet investissement nous a permis d’étoffer l’effectif de la société qui compte aujourd’hui une dizaine de personnes, précise Khaldoun Al Agha. Nous avons également pu avancer sur notre projet de développement d’un boîtier/routeur Wi-Fi clé en main et bas coût intégrant nos technologies logicielles. » La disponibilité de ce produit autonome, alimenté par une batterie et aisément transportable dans une poche ou un sac à main, est prévue aux alentours de février ou mars 2014.   Ajoutons que Green Communications prévoit de procéder d’ici début 2014 à une deuxième levée de fonds afin d’accélérer son développement commercial. L’entreprise a pour objectif d’atteindre 500 000 euros de chiffre d’affaires en 2014, contre 180 000 euros actuellement.