La réception satellite se convertit au tout-IP, du LNB à l’afficheur

Promue par l’opérateur SES, la technologie SAT-IP permet de distribuer, dans toute la maison, des programmes TV diffusés par satellite visibles sur n’importe quel terminal connecté à un réseau résidentiel compatible IP. Sachant que le LNB peut désormais prendre en charge lui-même la conversion DVB-S/S2 vers IP ! ... 

La qualité d’une réception satellite sur n’importe quel terminal compatible IP (Smart TV, tablette, PC, ordinateur portable, smartphone, console de jeu, baladeur multimédia, etc.) sans avoir forcément de connexion Internet ! C’est avec cette promesse que l’opérateur de satellites luxembourgeois SES, le propriétaire de la constellation Astra, a lancé en juin 2012 la technologie SAT-IP. Une technologie qui impose l’installation, sur le lieu de résidence, d’un « serveur » spécifique relié au réseau résidentiel IP. Et, aujourd'hui, ce serveur peut prendre l'apparence d'un simple LNB ad hoc, placé - comme n’importe quel LNB traditionnel - au point focal de l’antenne parabolique ! C’est ce que viennent de démontrer SES, Inverto, Abilis et MaxLinear. Les quatre partenaires ont développé le premier prototype fonctionnel d’un LNP-IP apte à distribuer huit chaînes satellite différentes vers des terminaux fixes ou portables disséminés dans un foyer.   Compatible Ethernet, CPL et Wi-Fi   Développée avec le concours de BSkyB et de l’éditeur danois Craftwork, la technologie SAT-IP définit un protocole de communication entre un « serveur », qui démodule les signaux satellite et les convertit en flux IP, et des « clients », consommateurs des contenus diffusés. Le protocole s’avère indépendant du support physique utilisé pour distribuer les flux dans les lieux d’habitation et peut donc être déployé tel quel sur des infrastructures résidentielles de type Ethernet, CPL (Courants porteurs en ligne), fibre optique plastique ou Wi-Fi. Selon SES, la qualité des signaux, même en haute définition, n’est pas affectée par l’opération de conversion, le serveur SAT-IP n’effectuant aucun transcodage et se bornant à remplacer la couche de transport satellite DVB-S/S2 par une couche de transport IP. En théorie, ce processus peut être réalisé dans un décodeur TV maître, dans un dispositif de distribution satellite similaire à un multi-commutateur FI, voire même dans le LNB de l’antenne parabolique.     Configuration typique d'un réseau de distribution SAT-IP (source : Triax)   Dès le départ, SES a ouvert le protocole SAT-IP, qui nécessite la présence d’un logiciel compatible dans les terminaux clients, à tout fabricant de matériel intéressé. Certains ne se sont pas fait prier et, depuis l’été 2012, une vingtaine de sociétés s'est ralliée à la bannière SAT-IP, dont les fabricants de circuits Abilis Systems, Broadcom, MaxLinear et STMicroelectronics et les équipementiers Devolo, Grundig GSS, Inverto, Kathrein, Schwaiger, Telestar, Unitron et Zinwell. En l’espace de quelques mois, plusieurs boîtiers/serveurs signés notamment par Devolo (voir photo ci-contre), Grundig GSS, Inverto, Schwaiger, Telesytar, Triax et Zinwell ont été lancés sur le marché. Côté client, les fournisseurs ne sont pas en reste. Si Triax, Vestel ou Inverto ont développé des décodeurs SAT-IP, Elgato a élaboré des Apps SAT-IP Android et iOS et Schwaiger a conçu un dongle HDMI compatible. Reste que, jusqu’alors, la faisabilité d’un LNB-IP n’avait pas été prouvée. C’est donc aujourd’hui chose faite.   Un LNB alimenté par le câble Ethernet   En réunissant les fonctions de réception satellite et de conversion IP dans l'antenne, le prototype de LNB-IP élaboré par SES, Abilis, Inverto et MaxLinear permet la distribution des programmes TV satellite dans les foyers au moyen d'un simple câble Ethernet. Du coup, le LNB peut être alimenté par ce même câble via une technologie PoE (Power over Ethernet), ce qui devrait contribuer à réduire à la fois le coût et la consommation du système global. Enfin, le signal satellite étant échantillonné numériquement au niveau de l'antenne, il est désormais possible d'accéder directement à travers Ethernet aux données spectrales du signal satellite et à d'autres mesures de la qualité de la liaison. Une caractéristique qui devrait simplifier l'installation de l'antenne parabolique et permettre la surveillance de l’installation à partir du réseau résidentiel.   Dans la pratique, le prototype du LNB-IP s’articule autour d’un circuit de de réception DVB-S2 de MaxLinear, d’un circuit SoC de conversion Broadcast to Broadband d’Abilis et des piles logicielles d’Inverto qui a également développé un design innovant de LNB. SES et ses trois partenaires sont actuellement en cours de négociation avec des clients potentiels afin de lancer d’ici quelques mois un premier LNB-IP commercial.