Et si l'environnement Yocto était l’avenir de Linux dans l’embarqué ?

Lors d’une conférence organisée sur le thème "Yocto et Linux : un couple d’avenir" et qui s’est tenue pendant le salon RTS 2013 à Paris, Bruno Rouchouse de Wind River, Gilles Blanc de Linacs, Christian Charreyre de CIO Informatique et Pierre Ficheux d’Open Wide ont pu développer leurs visions et leurs expériences sur Yocto. ...

Rappelons que le projet open source Yocto vise à simplifier le développement de systèmes Linux embarqués sur des architectures matérielles diverses (ARM, Mips, PowerPC, x86) en proposant outils et méthodes rassemblés dans un seul environnement de développement. L'un des objectifs visés est de limiter la fragmentation des distributions Linux pour l’embarqué en permettant aux concepteurs de systèmes de ne pas se disperser dans des tâches que ne différencient pas leurs projets vis-à-vis de la concurrence.

Hébergé par la Linux Foundation, le Yocto Project s'inspire de l'environnement Poki (lui aussi un projet open source) et s'avère un prolongement, ou une évolution, d’Open Embedded, un framework open source de compilation de composants logiciels libres destinés à être utilisés sur des systèmes embarqués. Soutenu par de grands noms de l'embarqué comme Dell, Freescale, Intel, LSI, Mentor Graphics, Mindspeed, MontaVista Software, Panasonic, Texas Instruments, Timesys et Wind River (pour ne citer que les plus connus), le Yocto Project s’appuie sur le noyau Linux fourni par la Linux Foundation.

 

Source: Yocto Project

  Dans son exposé, Bruno Rouchouse (dont l’excellent blog raconte en détail la philosophie sous-jacente à Yocto) a insisté sur le fait que Yocto s’installe de plus en plus comme environnement de référence dans le monde Linux embarqué. D’ailleurs, Wind River (aujourd'hui division d’Intel) est l'un des gros contributeurs à cet environnement et a, depuis quelque temps déjà, aligné ses distributions Linux sur Yocto. Tout récemment, la société a ainsi décidé, c’est une première sur le marché, d’aligner son Linux de classe opérateur certifié CGL (Carrier Grade Linux)  - et conçu pour les équipements d’infrastructure réseau - sur l’environnement de mise au point, les outils et les méthodes de développement élaborés dans le cadre du projet Yocto.   De son côté, Gilles Blanc a souligné les apports indéniables de Yocto - une compilation propre, une distribution maintenable dans le temps, un aspect fondamental pour les projets industriels - tout en regrettant quelques difficultés : des temps de compilation trop élevés, une documentation pléthorique pas toujours facile à appréhender, sans compter quelques faiblesses techniques (erreurs de compilation, chemins en dur…).   Pour Christian Charreyre, à l’unisson des autres orateurs, Yocto apporte un progrès réel pour tous ceux qui développent des applications riches (c’est de plus en plus fréquent) basées sur Linux. Avec Yocto, comme le souligne Christian Charreye, « on est passé d’un travail de développeur classique à un travail d’assembleur, c'est-à-dire à la mise en place d’un ensemble cohérent de briques de base disponibles sur étagère. »   Enfin, Pierre Ficheux a montré concrètement, sur une carte Raspberry Pi, qu’il était désormais relativement facile d’installer sur une carte industrielle une distribution Linux solide, bien que plus lourde que dans le cas de Builtroot. Et ce grâce à Yocto/OpenEmbedded, un outil jugé puissant.   Les présentations de cette conférence RTS 2013 sont disponibles en ligne ici : Gilles Blanc, Christian Charreyre, Pierre Ficheux