Depuis l’absorption d’Acqiris et de Vmetro par des groupes américains, on pensait que l’Europe avait déserté le secteur des cartes d’acquisition rapide et de traitement du signal à vocation militaire. Grave erreur ! La jeune société française ApisSys a repris le flambeau et propose des produits sur catalogue depuis la fin 2011. ...

Le rachat du suisse Acqiris par Agilent en 2006 et celui du norvégien Vmetro par l’américain Curtiss-Wright en 2008, avaient, semble-t-il, sonné le glas des fabricants européens de cartes d’acquisition rapide et de traitement du signal conçues pour répondre aux besoins du marché de la Défense. Pourtant, dès la fin 2009, en toute discrétion, le français ApisSys reprenait le flambeau. Et, dès le milieu de l’année 2010, la jeune pousse réussissait à décrocher ses premiers contrats.   « Deux phénomènes concomitants ont poussé à la création d'ApisSys, confie Xavier Bernard, le président de la jeune société installée à Archamps en Haute-Savoie. Au-delà de la disparition des constructeurs européens, j’avais parallèlement pu constater les difficultés que rencontrent les fabricants nord-américains pour vendre leurs sous-systèmes à vocation militaire sur le Vieux Continent. Ces difficultés sont liées en très grande partie à la réglementation américaine ITAR contre le trafic d’armes au niveau international, réglementation qui impose à leurs clients de révéler certaines informations qu’ils n’ont pas forcément envie de dévoiler. Ce constat, je l’avais déjà fait à l’époque où je travaillais chez Mercury Computer Systems ».     Xavier Bernard, président et fondateur d'ApisSys : "Notre gros point fort est de maîtriser la conversion analogique-numérique très rapide."   Fort d’un premier contrat signé avec un équipementier européen du secteur de la Défense, ApisSys s’est donc lancé mi-2010 dans le développement de plusieurs cartes OpenVPX et modules FMC, calibrés pour l’acquisition rapide et le traitement du signal. Entrés en phase de production fin 2011, les produits ont été inscrits dans la foulée au catalogue de la société. « Nous proposons des architectures à nos clients potentiels et développons des produits avec leur soutien financier, mais nous en gardons toujours la propriété intellectuelle », explique Xavier Bernard. Depuis début 2012, ApisSys propose notamment, sous la référence AV103, une carte au format VPX 3U doté d’un FPGA Virtex-6 de Xilinx et d’un emplacement pour module mezzanine FMC. Côté module, le Français dispose depuis plus d’un an d’une mezzanine FMC de numérisation de signaux sur 12 bits à une fréquence de 3 Géch./s.   Virtex-6 et conversion 10 Géch./s sur 10 bits sur une carte VPX 3U   « Notre gros point fort est de maîtriser la conversion analogique-numérique très rapide, souligne le président d’ApisSys. Durant le second semestre 2012, nous avons ainsi pu lancer en production notre produit-phare, en l'occurrence, une carte VPX 3U embarquant à la fois le FPGA et une conversion à 10 Géch./s sur 10 bits. » Autre particularité qui fait la fierté de la jeune société, sa capacité à pouvoir entrelacer plusieurs CAN (ApisSys travaille à cet effet avec les circuits du grenoblois e2v) pour multiplier d’autant la vitesse d’échantillonnage. Une compétence que le Français a mise en oeuvre sur une autre carte VPX 3U dédiée aux applications de radar et de guerre électronique, et présentée comme le produit doté de la meilleure combinaison bande passante/dynamique/puissance de traitement du marché. Référencée AV104, la carte, qui héberge un FPGA Virtex-7, offre deux voies CAN 3 Géch./s sur 10 bits et une voie CNA 3 Géch./s sur 12 bits.     L'un des produits OpenVPX 3U au catalogue d'ApisSys   Le Français ne compte pas, toutefois, s’arrêter en si bon chemin. A l’occasion du salon RTS 2013 qui se tient les 10 et 11 avril prochains à Paris, ApisSys devrait dévoiler trois nouveaux produits, dont « une carte de numérisation aux caractéristiques assez uniques ». Xavier Bernard n’en dira pas plus, souhaitant réserver la primeur de ses annonces aux visiteurs de la manifestation.   Dotée d’un effectif de sept personnes, la jeune firme a déjà commercialisé ses produits sur les marchés britanniques et français et avoue avoir noué des contacts avancés avec des clients italiens, israéliens, chinois ou japonais. Afin de financer ses développements et accélérer son déploiement à l’international, ApisSys a réussi en août 2012 à lever 0,6 million d’euros auprès des fonds d’investissement Rhône-Alpes-Création, Expansinvest, Calao Finance et Haute-Savoie Demain, ainsi qu’auprès de business angels grenoblois.