Sysgo ambitionne de devenir le n°3 des éditeurs d’OS temps réel

Fondée en 1991, la société allemande Sysgo, spécialisée dans les systèmes d’exploitation temps réel à très haut niveau de sûreté de fonctionnement, affiche clairement ses ambitions. Après son rachat en décembre dernier par le groupe français Thales, la société dirigée par Knut Degen et Michael Tiedemann, aujourd'hui centre de compétence de Thales SA, a annoncé qu’elle comptait d’ici trois ans devenir le n°3 mondial des fournisseurs de systèmes d’exploitation temps réel, derrière les américains Wind River et Green Hills. ...

Soutenu par son actionnaire principal (Thales détient 94% du capital de Sysgo, le reste étant réparti entre les cadres dirigeants de la société), l’objectif est ambitieux : il s’agit à l’horizon 2016 de tripler les effectifs, c'est-à-dire de passer de 90 employés actuellement à environ 300 personnes, et, par la même occasion, de tripler le chiffre d’affaires, qui s’établissait selon les analystes aux alentours de 10 millions d’euros en 2012.   Thales va donc peser de tout son poids pour ouvrir à Sysgo de nouveaux marchés au niveau mondial, particulièrement en Asie où la société est jusqu’ici très peu présente, et en faire un champion européen. La groupe français compte à cet effet s’appuyer sur le savoir-faire de son poulain, et notamment sur la plate forme de virtualisation PikeOS (voir schéma ci-dessous) qui s’est imposée sur les secteurs de la Défense et de l’avionique, là où les applications critiques à fortes contraintes de sûreté et de sécurité sont exigées. « Sur ces marchés, nous bénéficions de notre triple expertise sur le temps réel, la virtualisation et la certification », explique Jacques Brygier, directeur marketing de Sysgo.   Jacques Brygier, directeur marketing de Sysgo   Mais la société ne souhaite pas en rester là. Avec l’appui de son actionnaire, Sysgo va pouvoir déployer ses technologies vers d’autres marchés, notamment l’automobile ou le médical dans lesquels on observe une montée en puissance des exigences de certification avec l’émergence, respectivement, des normes ISO 26262 et IEC 62304 « pour lesquelles Sysgo a engagé des travaux de certification de la technologie PikeOS », précise Jacques Brygier.   Cette convergence technologique entre domaines qui, pour le moment, s'appuient sur des pratiques et des outils très différents alors que les  problématiques auxquels ils ont à faire face aux niveaux sûreté et sécurité sont très proches, est réellement engagée. « Un exemple marquant de cette évolution est visible à travers le projet européen Euro-Mils dans lequel Sysgo est très impliqué », explique Jacques Brygier. En effet, l’objectif d’Euro-Mils est de développer des plates-formes technologiques, basées sur le concept de virtualisation de systèmes embarqués hétérogènes, le tout avec un très haut niveau de sécurité afin de garantir la protection des données sensibles d’un système. « Or, dès le départ de ce projet, deux démonstrateurs, l’un pour l’avionique, l’autre pour l’automobile, vont être développés, chacun tirant parti d’un socle technologique commun », note Jacques Brygier.   Côté technologie, Sysgo pousse ses avantages et continue de travailler à de nouvelles certifications pour sa technologie PikeOS, notamment sur des architectures multicoeurs pour lesquelles elle serait très proche d’obtenir une certification au niveau SIL4 pour la sûreté de fonctionnement, une première sur le marché.   
Des programmes de recherche européens permettent aussi à Sysgo de travailler à une certification au niveau EAL 6 de sa technologie, le plus haut niveau de sécurité pour un OS, qui nécessite notamment la mise en oeuvre de méthodes formelles pour une certification. Dans ce cadre, la société planche en particulier sur une modification des profils SKPP (Separation Kernel Protection Profile) établis au sein des Critères Communs, « considérés aujourd’hui comme obsolètes par le milieu des chercheurs et industriels européens spécialistes de la sécurité », précise Jacques Brygier.