Sigfox, l’opérateur qui se branche sur l’Internet des objets

Créé en 2010, Sigfox se positionne comme un opérateur télécoms focalisé sur les applications M2M et IoT à très bas débit. La société a développé à cet effet une technologie de communication à la fois fiable, longue portée, faible coût et très basse consommation. ...

Les applications M2M qui se satisfont de transmissions de quelques dizaines de bits par seconde n’ont que faire de la connectivité GSM, très largement surdimensionnée tant en termes de débit... que de coût. Ce constat, Sigfox l’a fait dès 2010, année de création de cette société toulousaine. Et, pour répondre à des besoins qu'elle estimait jusqu'alors mal desservis, la jeune pousse a développé une technologie sans fil couverte par 25 brevets, censée garantir la transmission d'informations sur de très longues distances à faible coût, et ce avec une consommation énergétique minimale.   « Expert reconnu dans le monde des radiocommunications, Christophe Fourtet, le fondateur de Sigfox, a exploité un principe radio qui avait été un peu oublié : l’UNB ou Ultra Narrow Band, rappelle Ludovic Le Moan, PDG de la société. Son apport a été d’avoir réussi à optimiser cette technologie, limitée par essence à du bas débit, pour qu’elle puisse être implémentée sur des circuits radio basiques avec un coût d’intégration inférieur à terme à moins d’un dollar. »     Ludovic Le Moan, PDG de Sigfox   Adaptée à des transmissions bidirectionnelles dont le débit varie entre 10 bit/s et 1 kbit/s, la technologie UNB de Sigfox exploite des signaux de seulement 100 Hz de bande passante et se caractérise par un niveau de sensibilité exceptionnel de -146 dBm, ce qui laisse envisager des portées de transmission d’une quarantaine de kilomètres en champ libre. « Comparé à un réseau cellulaire de type GSM, pour le même niveau de couverture, la solution Sigfox nécessite environ mille fois moins d’antennes tout en s'appuyant sur des stations de base cent fois moins chères à construire et à gérer, assure Ludovic Le Moan. Côté consommation, on parle d’équipements fonctionnant sur pile avec une autonomie de l’ordre d’une vingtaine d’années. » Autre avantage de la technologie développée par Sigfox : sa relative indépendance vis-à-vis des bandes de fréquences. La société peut donc en théorie exploiter aussi bien les bandes ISM (169 MHz et 868 MHz en Europe, 915 MHz aux Etats-Unis) que les canaux TV laissés vacants (les « TV white spaces »), des gisements de fréquences potentiellement utilisables par les applications M2M et l’Internet des objets.   5 millions d'objets connectés par bande de 200 kHz   Sigfox ne se positionne pas, toutefois, comme un fournisseur de technologie. Son modèle commercial est fermement ancré sur le métier d’opérateur. A ce titre, la société a d’ores et déjà procédé à deux levées de fonds - 2 M€ fin 2010 et 10 M€ durant l’été 2012, injectés en partie par Intel - pour déployer un réseau très bas débit qui couvrira à terme la totalité du territoire français et plusieurs pays étrangers. Ouvert officiellement le 5 juin 2012, le réseau Sigfox compte déjà quelques dizaines de stations de base installées sur des villes comme Toulouse, Grenoble ou Bordeaux, avec plusieurs milliers d’objets connectés. Parmi ceux-ci, on citera notamment des panneaux d’affichage urbain de Clear Channel, des détecteurs de mouvement ou d’incendie pour les assurés MAAF, des systèmes de suivi de flottes, des capteurs pour l’agriculture, des compteurs d’énergie communicants, etc. « En théorie, la capacité du réseau Sigfox est de cinq millions d’objets par bande de 200 kHz », détaille le PDG de la jeune société toulousaine dont l’effectif s’élève pour l'heure à une quarantaine de personnes.   xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx   Le modem UNB pour la connexion au réseau Sigfox
  Pour communiquer avec le réseau Sigfox, les objets ou équipements M2M doivent embarquer un modem UNB tel que celui déjà commercialisé par Telecom Design. Mais le récent accord signé avec Silicon Labs va pouvoir faire rapidement chuter le coût d’intégration de la technologie, l’objectif in fine du Français étant de réduire le coût total de possession à quelques euros par an. « Le déploiement international de notre réseau, unique au monde, dépend de l’existence de circuits sans fil ad hoc, souligne Ludovic Le Moan. Nous avons choisi la famille de circuits EZRadioPRO de Silicon Labs pour ses performances RF, sa faible consommation énergétique et sa capacité à intégrer notre technologie UNB. »