La société européenne SiPearl qui conçoit le microprocesseur haute performance et basse consommation destiné aux supercalculateurs exascale européens, annonce une levée de fonds de 32 million d’euros complétant ainsi son financement en série A qui s’élève désormais à 130 millions d’euros, le plus important à ce jour en Europe dans le domaine des semi-conducteurs pour des sociétés fabless (sans unité de production).

Cette troisième et dernière tranche a notamment été soutenue par un nouvel investisseur de premier plan, la société taïwanaise de capital-investissement Cathay Venture, pour son premier investissement en France ( Cathay Venture est une filiale de Cathay Financial Holding, l’un des premiers holdings financiers taïwanais, avec un actif total dépassant 400 Md$).

Cette troisième et dernière tranche de financement en série A de SiPearl est destinée à accompagner la phase d'industrialisation de son processeur Rhea1, et va permettre d’accélérer les activités de R&D pour le lancement de microprocesseurs de nouvelle génération qui répondront aux besoins du supercalcul et de nouveaux segments de marché comme les centres de données, l’IA et les entreprises. Et ce avant le lancement d'un financement en série B d’ici quelques semaines.

Outre son CEO-fondateur et actionnaire de référence, Philippe Noton, SiPearl compte parmi ses investisseurs Arm, le groupe Atos (via sa branche Évide), Cathay Venture, la Banque Européenne d'Investissement (BEI), EIC Fund, French Tech Souveraineté ainsi qu’un syndicat bancaire piloté par la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes.

Pour rappel, financée par l'Union Européenne lors de son lancement opérationnel en janvier 2020, SiPearl est une entreprise privée issue du consortium EPI (European Processor Initiative) dont l’objectif est de favoriser le retour en Europe des technologies microprocesseurs haute performance et basse consommation. Depuis, l’entreprise a constitué une équipe de développement d’une architecture de microprocesseur de classe mondiale forte de 200 collaborateurs en France, Espagne et Italie, et a construit sa propre infrastructure souveraine avec des centres de données dans le nord de la France équipés de serveurs et d'émulateurs dédiés à la conception de semi-conducteurs.

Il y a quelques semaines, SiPearl a achevé le développement du microprocesseur le plus complexe jamais conçu en Europe, le Rhea1 avec ses 80 cœurs Arm Neoverse V1. Composé de plus de 61 milliards de transistors, sa production a été confiée au fondeur Taïwanais TSMC, et les premiers échantillons de Rhea1 seront disponibles début 2026.

Le microprocesseur est désormais pris en charge par une large gamme de compilateurs, de bibliothèques et d'outils, allant des langages de programmation traditionnels comme C/C++, GO et RUST aux frameworks d'IA modernes comme TensorFlow et PyTorch. Il est adapté aux charges de travail du calcul haute performance traditionnelles, son marché cible initial, ainsi qu'aux charges de travail d'inférence d’IA.

Grâce à sa capacité mémoire élevée et à sa mémoire embarquée à large bande passante, Rhea1 procurera des performances et une efficacité énergétique optimisée avec un rapport octet/flop inégalé, selon ses concepteurs.

A terme, Rhea1 équipera le cluster microprocesseur de Jupiter, le premier supercalculateur exascale d’Europe détenu par la structure EuroHPC Joint Undertaking et exploité par l’organisme Forschungszentrum Jülich (Allemagne). Rhea1 est également au coeur de projets collaboratifs européens comme Aero, OpenCUBE, HIGHER et Riser, qui ont pour objectif de donner naissance à un cloud européen souverain, ainsi que des projets majeurs comme Excellerat, MAX, ODISSEE et Plasma-PEPSC, destinés à des applications de simulation dans des domaines stratégiques comme l'ingénierie, les matériaux, la matière noire et le plasma.

« Le contexte géopolitique et économique confirme la vision qui a présidé à la création de SiPearl à savoir utiliser du matériel européen, indispensable pour garantir l'indépendance et la souveraineté de l'Europe dans le domaine de l'IA et dans des domaines stratégiques comme la sécurité et la Défense, commente Philippe Notton, le CEO et fondateur de SiPearl. Avec l’entrée en production du microprocesseur le plus complexe jamais conçu en Europe, nous montrons que l'Europe dispose désormais d'un concurrent capable de rivaliser avec les leaders non européens du secteur. Et, parce que l'Europe a besoin de partenaires solides et indépendants dans l'écosystème mondial des semi-conducteurs, nous avons choisi de tisser des liens plus étroits avec Taïwan, le pays à la pointe de cette industrie. »