La start-up française NcodiN lève 3,5 M€ pour apporter sa technologique d’interposeur optique aux processeurs IA

[EDITION ABONNES] Les fournisseurs majeurs de semi-conducteurs sur les marchés du calcul hautes performances (HPC) et de l’intelligence artificielle (IA) s’orientent aujourd’hui vers la conception de processeurs bâtis sur des architectures désagrégées, où un ensemble de chiplets (*) sont associés sur une puce dite interposeur qui sert aussi à les interconnecter. Or les interconnexions électriques traditionnelles approchent leur limite et représentent le principal goulot d'étranglement dans la feuille de route de ces systèmes avancés.

D’où l’idée de basculer vers des solutions d’interconnexion optiques capables de briser le "mur du cuivre". C’est justement sur cette tendance que veut surfer la jeune société française NcodiN créée en mars 2023. La start-up vient de sécuriser une levée de fonds de 3,5 millions d'euros auprès des investisseurs européens de la Deep Tech Elaia, Earlybird et OVNI Capital afin d’accélérer le développement d’un prototype d’interposeur optique, baptisé MVP, et de soutenir la croissance rapide de l’entreprise afin de répondre aux besoins de clients industriels.

A la différence de certains de ses concurrents, NcodiN exploite une technologie unique et propriétaire qui, selon la jeune société, offre des performances et une efficacité énergétique inégalées, ouvrant la voie à un trafic de données de l’ordre du pétabit/s pour un budget énergétique de moins de 100 fJ/bit.

L’approche propre à la start-up repose sur l'intégration sur puce de nanolasers et de nanodétecteurs fortement miniaturisés (à base de semi-conducteurs III-V) qui permettent une densité d'intégration particulièrement élevée, estimée à plus de 10 000 composants par cm2. Selon NcodiN, cette technologie ouvre la voie à une transmission de données à haute vitesse, fiable et très peu énergivore pouvant être mise en œuvre dans des architectures de processeurs à très hautes performances et capables d’exécuter des calculs extrêmement lourds. Et ce sur des marchés comme la modélisation du climat, la voiture autonome, les traitements médicaux ou les villes intelligentes.

Les technologies optoélectroniques de NcodiN sont issues de plus de quinze années de recherche au C2N (Centre de nanosciences et de nanotechnologies), entité du CNRS située à Saclay, près de Paris. Depuis sa création en mars 2023, la start-up a été soutenue par l’incubateur Agoranov, ainsi que par les accélérateurs 21st by CentraleSupélec, Wilco et Intel Ignite. Créé par Francesco Manegatti, son actuel CEO, Fabrice Raineri et Bruno Garbin, NcodiN a récemment accueilli dans son conseil d’administration Leo Apotheker, ancien CEO de HP et de SAP, et Eric Meurice, ancien CEO d’ASML.

« L'approche révolutionnaire de NcodiN pour les interposeurs optiques permettant d’interconnecter les chiplets représente un changement de paradigme en matière d'efficacité et de vitesse de calcul, affirme Leo Apotheker. Cette technologie a le potentiel d’assurer des performances et une échelonnabilité sans précédent, ouvrant ainsi la voie à des avancées transformatrices pour le calcul à hautes performances et l’intelligence artificielle. »