En 2030, plus de 70% des terminaux et objets connectés à un réseau cellulaire intégreront une eSIM (embedded SIM)

[EDITION ABONNES] Plus de six milliards de terminaux, d’équipements et d’objets équipés d’une technologie xSIM de formats divers et variés – eSIM (eUICC), iSIM (iUICC), nuSIM et SoftSIM notamment – seront livrés en cumulé sur les cinq prochaines années. Telle est tout du moins la prévision de la société d’études Counterpoint qui estime que l’adoption de l’eSIM a dépassé un point d’inflexion.

L’eSIM (ou embedded SIM) est une SIM qui se présente sous la forme d’un composant électronique et qui est généralement soudée sur un circuit imprimé. Elle est capable d’héberger différents profils de connectivité tels que définis par l’alliance GSMA, qui représente les intérêts des opérateurs mobiles. Dans ce cadre, l'eSIM peut accepter un provisionnement sécurisé over-the-air et des mises à jour à distance des clés et des applications, tout au long de la durée de vie d’un terminal ou d’un objet connecté.

L’iSIM, de son côté, amène les fonctionnalités de l’eSIM au sein même de l’architecture d’une puce-système SoC, la SIM ne requérant plus, de ce fait, de ressources matérielles spécifiques. Promue par l’opérateur Deutsche Telekom, la nuSIM, quant à elle, est spécifiquement conçue pour les dispositifs bas coût mis en œuvre dans des applications IoT mobiles compatibles NB-IoT et dotées d’une longue durée de vie, à l’instar des étiquettes de suivi d’actifs, des détecteurs de mouvement ou des capteurs de température. Enfin la SoftSIM ou SIM "logicielle" ou "virtuelle" consiste à télécharger la SIM depuis le cloud sur des circuits déjà présents dans les équipements, ce qui réduirait pratiquement à zéro le temps de déploiement (lire notre article).

Pour Counterpoint, le marché eSIM est désormais entré dans une phase de forte croissance, portée par son adoption croissante dans les smartphones, les véhicules connectés et les applications IoT cellulaires.

En 2022, les ventes unitaires de produits compatibles eSIM ont ainsi augmenté de 11% par rapport à 2021 pour atteindre 424 millions d'unités et ce malgré une baisse de 3% des livraisons globales d’équipements connectés au cellulaire en raison d'une demande plus faible de smartphones, précise la société d’études. Au niveau mondial, plus de 275 opérateurs de réseaux mobiles prennent désormais en charge l'eSIM et fournissent en moyenne des connexions à plus de 30 modèles différents d'appareils grand public compatibles eSIM.

« La puce eSIM soudée au format physique MFF2/WLCSP est devenue le standard de référence pour la mise en œuvre de l’eSIM aux côtés d'autres implémentations alternatives de niche telles que la nuSIM et la SoftSIM, indique Neil Shah, analyste chez Counterpoint. Au cours des cinq prochaines années, l'eSIM reposant sur un composant matériel (eUICC) restera le format eSIM dominant et représentera plus de la moitié de toutes les livraisons. »

Au-delà, la première vague d'adoption en volume de l'iSIM touchera les applications IoT grâce aux principaux fournisseurs de puces et modules radio cellulaires tels que Quectel, Telit, Sequans et Sony Semi (Altair) en partenariat avec les principaux acteurs du monde xUICC tels que Kigen, G+D et Thales. Parmi les autres acteurs clés à l'origine de l'adoption des iSIM, Counterpoint cite aussi Qualcomm, Idemia, Truphone, Redtea Mobile, Oasis SmartSIM, Apple, Samsung et Nokia.

« Après 2028, l’iSIM devrait prendre le relais en tant que format SIM dominant, alors que les livraisons d'appareils compatibles iSIM pourraient atteindre les 4 milliards d'unités cumulées d'ici à 2030 », ajoute Neil Shah.

Si l’on s’intéresse aux diverses catégories de produits ayant adopté l’eSIM, ce sont les smartphones qui ont clairement joué un rôle clé dans la sensibilisation des consommateurs et des opérateurs de réseaux mobiles à cette technologie. « Les smartphones continueront d'être la catégorie dominante d'appareils compatibles eSIM, anticipe Ankit Malhotra, analyste chez Counterpoint. La connectivité cellulaire dans les montres intelligentes ne cesse de croître, ce qui contribue également à doper le taux de pénétration des eSIM dans ce type d’équipement. A cet égard, la mise en œuvre généralisée de serveurs de configuration et de gestion des eSIM par les opérateurs du monde entier témoigne du nombre croissant de montres intelligentes et d'autres appareils compagnons intégrant cette technologie. D'autres produits grand public tels que les ordinateurs portables et les tablettes verront également une adoption rapide de l'eSIM dans les années à venir. »

Selon Counterpoint toutefois, le nombre d'appareils IoT/M2M équipés d'une eSIM est sur le point de croître plus rapidement que les catégories de terminaux grand public en raison des avantages naturels en matière de coût, d'encombrement et de gestion à distance qu'offre l'eSIM. Les nouvelles spécifications SGP.31 eSIM IoT de la GSMA vont notamment doper l'adoption de l'eSIM dans les segments de l’Internet des objets, en éliminant potentiellement les complexités de la plate-forme eSIM Remote Service Provisioning (RSP) existante (SM-DP/SM-SR) pour les segments des communications de machine à machine (M2M) (lire notre article pour plus de détails).

Enfin, les catégories émergentes telles que les équipements de réalité étendue (XR), les drones, les passerelles cellulaires et les boîtiers d’accès fixe sans fil large bande (CPE FWA) seront celles qui afficheront la croissance la plus rapide, affirme Counterpoint (voir illustration ci-dessous).

Les drones connectés en 5G se présentent également comme une catégorie qui bénéficiera de la technologie eSIM et qui favorisera son adoption dans plusieurs cas d'usage tels que la livraison du dernier kilomètre, la gestion des catastrophes, la recherche et le sauvetage de personnes, l'éducation, la construction et l'agriculture.

L'automobile et la mobilité intelligente sont également d'énormes domaines de croissance pour l’eSIM. Les voitures connectées s’affirment d’ailleurs comme l'un des cas d'usage les plus importants et les plus évidents pour l’eSIM, notamment dans le domaine de la sécurité (avec les services eCall) et dans la perspective de l'essor de la conduite autonome.