[EDITION ABONNES] D’ici à 2025, l’environnement Android Automotive OS va devenir le système d'exploitation automobile prédominant dans les nouveaux véhicules commercialisés et dépasser QNX (propriété de BlackBerry) et Automotive Grade Linux (AGL). ...« L’adoption d’Automotive Android OS (AAOS) est rapide car cet environnement permet aux constructeurs automobiles de fournir une expérience utilisateur similaire à celle d'un smartphone, tout en réduisant considérablement les coûts de développement logiciel qui peuvent être alors utilisés pour créer des expériences uniques à bord du véhicule, note Maite Bezerra, de la société d’études ABI Research. Mais il est peu probable que l'adoption d’Automotive Android OS aille de pair avec l’usage des Google Automotive Services (GAS). Malgré les annonces publiques, l'obligation de se conformer aux exigences de compatibilité Android, les limitations liées à la personnalisation et à la propriété intellectuelle, et les incertitudes autour du support à long terme contraignent les constructeurs automobiles à la prudence quant au déploiement des services GAS dans les véhicules de production. »

Ainsi moins de 6% des nouveaux véhicules commercialisés avec Android Automotive OS seront équipés de services GAS en 2025, prédit ABI Research. Parmi les services GAS, les plus connus sont Google Maps, Google Assistant et Google Play Store que les constructeurs automobiles peuvent intégrer dans leurs systèmes d'infodivertissement. GM, Volvo, Honda, Renault-Nissan-Mitsubishi et Ford ont ainsi annoncé publiquement des accords avec Google pour déployer AAOS et GAS, rappelle ABI Research. Mais les premiers déploiements seront prudents et limités uniquement aux gammes de véhicules à faible volume de production (comme le nouveau SUV électrique Hummer EV) en tant que preuves de concept.

Dans ce cadre, les fournisseurs historiques de services pour voitures connectées réagissent de deux façons. Certains tentent de fournir une alternative aux services GAS en s’appuyant sur le cœur de l’environnement AAOS. C’est le cas de TomTom avec son service de navigation que Stellantis associe à AAOS, et de Harman avec le portail Ignite Store motorisé par la boutique d’applications Access Twine for Car (Twine4Car) qui fournit un vaste écosystème d'applications aux constructeurs automobiles qui n'utilisent pas les services GAS. D’autres préfèrent saisir des opportunités en dehors du domaine de l'infodivertissement, en particulier dans les domaines de l’assistance évoluée à la conduite (ADAS) et de la conduite automatisée (AD). La société Here, par exemple, fournit un ensemble de contenus et de logiciels relatifs à la sûreté de fonctionnement pour activer des applications d’autonomie de niveau L0 à L2+.

Au-delà, ABI Research note que plusieurs constructeurs automobiles, y compris des spécialistes du haut de gamme, développent des plates-formes d'infodivertissement reposant sur Automotive Android OS. Ce qui fait dire à la société d’études que l'environnement AAOS sera présent dans près de 90% des modèles de véhicules de niveau intermédiaire à élevé commercialisés en 2026… Une prévision qui ne peut que réjouir les fournisseurs de semi-conducteurs car les plates-formes s’appuyant sur AAOS nécessitent des puces-systèmes plus puissantes.

De plus, les API AAOS ont ouvert de nouvelles opportunités commerciales dans le développement logiciel pour les fournisseurs de semi-conducteurs et les éditeurs de logiciels automobiles, assure la société d’études. Néanmoins, ces mêmes API poussent les équipementiers de premier rang à se repositionner car ils perdent progressivement leur proposition de valeur unique en tant qu'intégrateurs. Reste qu’Android Automotive OS doit encore se perfectionner, ce qui crée des opportunités pour les fournisseurs expérimentés capables d’optimiser cet environnement pour les cas d'usage automobiles. Parmi ces acteurs, ABI Research cite Elektrobit, Cinemo, OpenSynergy, Tata Elxsi et Aptiv, qui a redéfini sa structure organisationnelle pour aider Volvo à déployer Android.

En prévision de l’omniprésence attendue d’Android Automotive OS dans les véhicules, les fournisseurs traditionnels d’environnements logiciels pour automobiles doivent désormais cibler des domaines non couverts par AAOS, affirme encore la société d’études, en particulier les systèmes d’exploitation temps réel pour fonctions critiques ou les hyperviseurs, comme l’a fait Blackberry (lire, par exemple, notre article ici).