Le batave Innatera Nanosystems lève 5 M€ pour apporter l'intelligence neuromorphique aux capteurs

[EDITION ABONNES] Il ne se passe plus une semaine, voire une journée, sans qu’émerge ici ou là une jeune société bien décidée à se faire un nom dans le domaine des briques de base (matérielles ou logicielles) destinées à apporter de l’intelligence artificielle (IA) en périphérie de réseau (edge) ou dans des produits embarqués aux ressources plus ou moins limitées. ...C’est le cas de la start-up hollandaise Innatera Nanosystems. Créé en 2018 et issu de l’université de technologie de Delft, Innatera, qui a développé une puce de traitement neuromorphique, vient de lever 5 millions d'euros de fonds d’amorçage afin d’apporter sa technologie inspirée du fonctionnement du cerveau humain directement au niveau des capteurs (ou des dispositifs intégrant des capteurs) et ce dans des applications comme le traitement vocal intelligent au sein d’interfaces homme-machine, le monitoring de signaux vitaux dans les dispositifs portés sur soi, la reconnaissance de cibles dans les radars et lidars ou la détection de fautes dans les équipements industriels ou automobiles.

Les cofondateurs d'Innatera Nanosystems

Selon ses concepteurs, la puce de traitement neuromorphique d’Innatera est radicalement différente des puces IA proposées par ses concurrents et modifie fondamentalement la façon dont les données des capteurs sont traitées. Elle repose sur une nouvelle génération de circuits de traitement de signaux mixtes et analogiques qui recréent le comportement des éléments fondamentaux du cerveau, les neurones à impulsions et les synapses.

Les réseaux de neurones à impulsions, précise Innatera, possèdent une notion précise du temps qui leur permet d'être dix à cent fois plus compacts que les réseaux de neurones artificiels conventionnels, en particulier pour les applications dont les données recèlent de fortes corrélations spatiales et temporelles. En s’appuyant sur cette approche, l’architecture d’Innatera associerait de façon inédite consommation ultrafaible et latence de reconnaissance ultracourte, avec des performances par watt jusqu'à 10 000 fois supérieures à celles des processeurs numériques typiques et des accélérateurs IA classiques.

« Les applications pilotées par les capteurs qui sont potentiellement les plus percutantes aujourd'hui sont limitées par l'efficacité et la vitesse du processeur sur lequel elles s’appuient, et cela est encore plus vrai pour les dispositifs alimentés sur pile ou batterie, indique Sumeet Kumar, le CEO d’Innatera. Nous réinventons le traitement des données issues de capteurs en combinant l'efficacité énergétique du silicium neuromorphique à signaux mixtes et analogiques et les gains de performances apportés par de véritables algorithmes de réseaux de neurones à impulsions, au sein d'une seule solution de traitement intégrée. »

La start-up hollandaise compte bien batailler sur un marché des processeurs IA pour périphérie de réseau (Edge AI) qui, selon IDC, pourrait atteindre la valeur de 40 milliards de dollars d’ici à 2023. Un marché qui devrait croître en moyenne de plus de 85% par an, alors que les fournisseurs intègrent de plus en plus de fonctionnalités reposant sur l'IA au plus près des capteurs pour des raisons de latence, de coût des communications et de confidentialité des données. Selon les analystes, une part importante de la croissance du marché proviendra des applications de détection toujours actives qui impliquent une surveillance continue des données issues des capteurs et nécessitent donc des processeurs écoénergétiques embarqués dans les équipements. Une tendance dont compte bien profiter Innatera au même titre que d’autres start-up comme, entre autres, Ambient Scientific, AnotherBrain, Aspinity, Blaize, BrainChip, Cartesiam, Eta Compute, GrAI Matter Labs, GreenWaves, Gyrfalcon, Hailo, LeapMind, NeuroBlade, ONE Tech, Perceive, Plumerai, Qeexo, Syntiant ou Untether AI.

Les 5 millions d’euros de fonds d’amorçace dont a bénéficié Innatera ont été apportés par les fonds d’investissement munichois spécialisés dans la DeepTech MIG Verwaltungs AG et btov Partners. Cette manne financière doit permettre à la start-up, qui a également développé une suite d'algorithmes propriétaires et une chaîne d'outils logiciels pour tirer le plein potentiel de sa puce neuromorphique, d'intensifier ses efforts de R&D et d'accélérer le développement de ses produits afin de respecter ses engagements auprès de ses premiers clients jusqu'en 2021. L’effectif de la start-up, aujourd’hui d’une quinzaine de personnes basées à Delft, devrait rapidement s’étoffer avec l’ouverture d’un centre de conception à Bangalore en Inde.

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