Modules radio IoT et M2M : u-blox confirme avoir proposé à son concurrent Telit une offre d’achat

[EDITION ABONNES] Afin de mettre un terme aux rumeurs diffusées ici ou là, le fabricant suisse de modules de communication sans fil et de géolocalisation u-blox a confirmé ce matin avoir soumis au conseil d’administration de son concurrent britannique Telit une offre de rachat non contraignante en actions ...qui valorise Telit à hauteur de 2,5 livres sterling par action. Selon u-blox, la réponse de Telit est toujours en suspens et il ne peut y avoir aucune certitude sur l’aboutissement effectif d’une transaction et sur les conditions auxquelles une telle offre serait finalement faite.

Sociétés toutes deux créées dans les années 1980, u-blox et Telit figurent dans le peloton de tête des fournisseurs de modules radio cellulaires, un marché désormais dominé tant en volume qu’en valeur par les fabricants chinois (et notamment SIMcom et Quectel). Au global, selon ABI Research, les fabricants occidentaux de modules M2M cellulaires (Sierra Wireless, Thales-Gemalto, u-blox, Telit…) ne détiennent plus que 27% des ventes en volume et 40% du marché en valeur. Sur le créneau de l’Internet des objets (IoT) vu du côté des fournisseurs, l’année 2019 a d’ailleurs été marquée par la montée en tête de classement des fabricants de l’empire du Milieu et ce pour la première fois, a constaté la société d’études, qui affirme que le chinois Quectel est désormais le plus grand fournisseur de modules IoT cellulaires au monde.

Dans un paysage en mutation donc, le conseil d’administration d'u-blox estime que la combinaison de Telit et de la société suisse a une forte justification stratégique et pourrait entraîner des synergies substantielles pour les deux organisations.

Doté d’un fort savoir-faire dans les solutions de géolocalisation embarquées, u-blox s’est fortement renforcé dans le domaine des modules de communication sans fil au cours des dernières années, non seulement dans le domaine du cellulaire avec les acquisitions de l’italien NeonSeven et du britannique Geotate, mais aussi dans le domaine Wi-Fi et Bluetooth en reprenant le suédois connectBlue, le grec Antcor, les modules pour l’automobile de l'allemand Lesswire et les modules Bluetooth de l’américain Rigado. La firme helvète, qui avait vainement tenté de racheter en 2017 le fabricant chinois de modules radio SIMCom Wireless, a mis le pied dans l’arène des plates-formes cloud de connectivité IoT avec l’acquisition de son compatriote Thingstream début 2020.

Créé en Italie en tant que société d'ingénierie spécialisée dans les projets de R&D pour l'industrie des télécommunications, Telit, de son côté, s'est focalisé à partir de 2005 sur le marché du M2M. La société s'est offert en 2009 le français OneRF, un fabricant de modules RF pour réseaux radio maillés proprétaires, 802.15.4 et ZigBee, puis en 2011, les activités de Motorola liées aux modules cellulaires M2M, et, enfin, en 2012, les modules de positionnement par satellite de Navman Wireless. En 2012, Telit Wireless Solutions a créé la division m2mAir afin de centraliser son offre de services à valeur ajoutée. Mise sur pied lors du rachat du fournisseur israélien de services de connectivité M2M GlobalConect, cette division s’est renforcée en 2013 par l’acquisition des américains CrossBridge Solutions et ILST. En 2014, Telit a repris les activités liées aux modules automobiles eCall de NXP. Après les rachats en 2016 des activités Bluetooth et NFC de l’allemand Stollmann puis des modules radio cellulaires de l’américain Novatel Wireless, la firme italo-britannique a gobé début 2017 le californien GainSpan, un spécialiste des technologies Wi-Fi à ultrabasse consommation.

A noter que Telit et u-blox sont de taille à peu près comparable. Telit a réalisé un chiffre d’affaires de 382,8 millions de dollars sur l’année calendaire 2019 (hors activités sur le marché automobile revendues en février 2019 au chinois TUS) en progression de 8,3% par rapport à l’année précédente. De son côté, u-blox a bouclé 2019 sur un CA de 385 millions d’euros. Le groupe zurichois a maintenant jusqu'au 18 décembre pour annoncer le dépôt - ou non - d'une offre contraignante pour le rachat de Telit.