Services TV linéaires distribués sur Internet : les spécifications DVB-I montent au créneau

[EDITION ABONNES] A l’occasion du salon IBC qui s’est tenu mi-septembre à Amsterdam, le consortium DVB a présenté la première démonstration fonctionnelle et publique de diffusion de services de télévision linéaire selon les spécifications en cours de finalisation DVB-I.... Démonstration qui s’appuyait sur des mécanismes d’accès et de streaming de type Internet et des techniques de diffusion classiques.

« Alors que nous approchons de la phase concrète de déploiement du DVB-I, le salon IBC est la meilleure opportunité pour démontrer la capacité de cette technologie à assurer l’expérience utilisateur conviviale et fiable que l’on associe traditionnellement à la télévision "classique", dans des situations où une diffusion de type broadcast n’est pas disponible », a commenté Peter MacAvock, le président du DVB. Rappelons que le terme de TV linéaire est apparu pour désigner le mode de consommation traditionnel de la télévision avec un programme regardé au moment de sa diffusion.

Alors qu’il est de plus en plus courant d’accéder à des contenus et des services TV linéaires sur le Web, le consortium DVB a lancé l’initiative DVB-I afin de garantir à terme sur Internet des expériences TV de la meilleure qualité possible sur divers types de terminaux, que ce soit des écrans TV larges ou des équipements moins traditionnels quand on parle de réception TV comme les téléphones mobiles, les tablettes et les PC portables. L’initiative DVB-I a ainsi pu identifier les exigences imposées par la distribution de canaux TV linéaires, non plus seulement sur des réseaux d’accès prévus à cet effet, et couverts par les spécifications DVB-S/S2, DVB-C, DVB-T/T2 ou DVB-IPTV (*), mais aussi sur des infrastructures IP modernes et ce sans qu’il y ait de différences perceptibles pour le consommateur.

Sur IBC, la démonstration DVB-I a impliqué plusieurs sociétés comme Ateme, Broadpeak, Enensys, Harmonic, ITV, Kineton, Newtec, RAI, Rohde & Schwarz, SES, TPV Technology et Viaccess-Orca. Elle a mis en œuvre plusieurs services de télévision linéaire délivrés, pour certains sur un réseau de type broadcast (DVB-T2 en l’occurrence), pour d’autres sur un réseau IP large bande (via DVB-DASH) et pour d’autres encore via les deux types de réseau simultanément.

La démonstration s’est notamment focalisée sur certains éléments clés de la spécification DVB-I, dont la première version officielle est attendue en novembre, comme la liste des services DVB-I (DVB-I Service List), le streaming DVB-DASH avec le mode à faible latence tout juste publié, et la prise en charge du mécanisme de débit adaptatif en multicast (DVB-mABR), garante de l’optimisation réseau (un mécanisme qui devrait être finalisé début 2020). Pour rappel le profil DVB-DASH est un sous-ensemble du standard MPEG-DASH qui définit notamment un mécanisme d’ajustement dynamique des flux multimédias aux fluctuations d’un réseau IP large bande.

Dans la démonstration effectuée sur IBC, la fonction DVB-I Service List, telle que compilée par SES, contenait des informations aussi bien sur les services diffusés en DVB-T2 que ceux accessibles sur le réseau IP large bande. Les logiciels clients DVB-I, fournis par TPV Technology (sur Android TV), Kineton (sur HbbTV) et Viaccess-Orca (sur Android), implémentaient une interface utilisateur permettant de sélectionner n’importe quel canal indépendamment de son support de diffusion.

Le mode à faible latence du DVB-DASH, quant à lui, était mis en œuvre pour scinder les segments à diffuser sur le réseau IP large bande en « paquets » de moindre longueur, envoyés dès leur disponibilité au niveau de l’encodeur. L’idée étant qu’aucune des trames d’un groupe donné n’exige une trame d’un groupe suivant pour être décodée. Dans la démonstration, il était possible d’observer les différences de latence entre une diffusion broadcast traditionnelle, une diffusion IP large bande DVB-DASH et une diffusion DVB-DASH « low latency ».

Enfin, le mécanisme DVB-mABR a permis via une technologie multicast de réduire le trafic (et donc la bande passante et la charge réseau) nécessaire à la diffusion d’un même contenu à de multiples récepteurs sur un réseau IP large bande, ce qui est le cas avec les services TV linéaires. (En mode unicast, le même contenu doit être envoyé simultanément à tous les récepteurs depuis l’encodeur.) En multicast, chaque paquet n’est émis qu’une seule fois et il est routé vers tous les récepteurs d’un groupe de diffusion sans que le contenu ne soit dupliqué par les équipements réseau.

Selon le DVB, DVB-mABR sera transparent pour les logiciels clients actuels et ne requerra pas de modification sur le parc existant de récepteurs.

(*) Les spécifications DVB-IPTV s’appuient pour la diffusion de flux TV sur la norme MPEG-2 TS (Transport Stream), mise en œuvre aussi dans les spécifications DVB-T/T2, DVB-S/S2 et DVB-C.