Air-Lynx met toute la 4G dans une valise pour les besoins des réseaux radio privés professionnels

Logo Air-Lynx

Les technologies numériques historiques exploitées par les radiocommunications mobiles professionnelles étant dans l’incapacité de fournir du haut débit et des services autres qu’audio (vidéo, géolocalisation...), la start-up française Air-Lynx a décidé d’apporter les bienfaits de la 4G au marché de la PMR. Mais ses produits sont aussi adaptés à l’Internet des objets industriel. ...

« Apporter les bienfaits de la 4G aux réseaux radio privés professionnels ». Voilà résumé en quelques mots le projet initial de la jeune société Air-Lynx, créée en 2013 par Philippe Saenz, fort d’une longue expérience dans le domaine de la PMR (Professional Mobile Radio), et Didier Raffenoux, un spécialiste des développements logiciels et des protocoles réseau (notamment au sein de la société Netbricks, acquise en 2008 par l’éditeur suédois Enea). « Nous avons fait à l’époque un constat simple, se souvient Didier Raffenoux, le CEO de la start-up. Si elles bénéficient d’une excellente qualité audio et de services parfaitement adaptés comme le push-to-talk ou l’appel de groupes, les technologies numériques historiques de la PMR comme le DMR ou Tetra sont en effet dans l’incapacité de fournir du haut débit et des services autres qu’audio comme la géolocalisation ou la diffusion vidéo haute définition. D’où notre idée d’adapter la technologie LTE à la PMR, sans toucher aux fondements du standard, mais en y injectant des spécificités que recherchent les utilisateurs de réseaux radio privés professionnels. » Quitte à lancer la PMR, jusqu’ici orientée commutation de circuits, dans une rupture technologique qui n’est pas mince en la faisant migrer vers le tout-IP !

Philippe Saenz et Didier Raffenoux, cofondateurs d'Air-Lynx

En tout cas, trois ans près la création d’Air-Lynx, le résultat est là. La jeune société commercialise depuis l’année dernière sous la forme d’une valise ou d’un rack 19 pouces un site radio compact qui regroupe tous les équipements et logiciels permettant d’établir l’ensemble des communications possibles avec la technologie LTE PMR : appels individuels, appels de groupe, transmission de données, diffusion audio et vidéo, géolocalisation… « Afin qu’un réseau LTE tactique puisse être transporté et déployé rapidement en situation d’urgence par la police, les pompiers, des humanitaires, etc., le produit embarque un réseau complet et pas seulement une station de base eNodeB, détaille le dirigeant d’Air-Lynx. On y trouve aussi un cœur de réseau LTE EPC (Evolved Packet Core) et l’ensemble des serveurs applicatifs MCPTT (Mission-Critical Push-to-Talk), audio, vidéo et de géolocalisation. »

Garantir la résilience

Apte à exploiter les bandes de fréquence de 400 MHz, 700 MHz et 2,3 GHz et nativement équipée d’une tête radio Mimo 2 x 20 W, l’ALB 11000, c’est son nom (photo ci-contre), repose largement sur des technologies radio logicielles et sur une architecture Intel/Linux garantes, selon la société, d’une évolutivité future. En cas de nécessité de couvrir des zones étendues, il est par ailleurs possible d’interconnecter plusieurs sites radio via des liaisons IP privées (sur fibre optique ou par liaisons hertziennes). « L’ensemble est alors capable de s’auto-organiser et de garantir le niveau de résilience et de tolérance aux pannes attendue par les propriétaires de réseaux PMR, explique Didier Raffenoux. En optant pour la présence d’un cœur de réseau EPC par site, chacun de ces sites dispose en local de toutes les fonctionnalités disponibles en 4G LTE. Et si un réseau de plusieurs sites subit une rupture d’un lien intersites, le système se réorganise pour cicatriser. Le cas échéant une cellule peut se trouver isolée et rester pleinement fonctionnelle. »

 

On ajoutera qu’en 2014, Air-Lynx a mis la main sur Nodcom, une société française d’une douzaine de personnes spécialisée dans les passerelles de communication entre réseaux PMR existants et réseaux IP et/ou réseaux de communication publics. Une offre qui doit permettre aux utilisateurs des produits Air-Lynx de mener à bien la transition de leurs infrastructures PMR actuelles vers la technologie LTE.

Une évolution vers les technologies LTE IoT émergentes

Forte d’une équipe de 25 personnes dont une vingtaine d’ingénieurs, la jeune société assure travailler déjà avec une douzaine de clients grands comptes dont la SNCF, impliquée avec Air-Lynx dans des premiers projets pilotes dès 2014. « Notre premier marché est évidemment celui des réseaux PMR déployés sur les sites industriels, dans les hôpitaux, sur des bulles tactiques militaires ou de sécurité civile, et utilisés dans les domaines de la surveillance et de l’exploitation d'infrastructure ou dans les secteurs du transport routier ou ferroviaire, précise le CEO d’Air-Lynx. Mais nous avons constaté un intérêt pour nos solutions dans le cadre d’applications de l’Internet des objets professionnels ou industriels dans des configurations où il faut multiplexer des informations de différentes natures, données, audio, vidéo, etc. » La jeune pousse ne s’interdit pas d’ailleurs d’introduire dans ses équipements les technologies LTE émergentes dédiées à l’IoT comme le NB-IoT avalisé en juin 2016 par l’organisme 3GPP.

Air-Lynx qui a opté pour une fabrication de ses produits en France a procédé à une première levée de fonds fin 2015. La société de capital-innovation Innovacom a ainsi investi 1,5 million d’euros dans la start-up. Une manne financière qui a permis à la jeune entreprise innovante de financer sa croissance et son outil de production, de poursuivre son programme de recherche et développement et d’accélérer son développement commercial. Avec l’international désormais en ligne de mire (avec des contrats en cours de négociation en Amérique du Sud, en Scandinavie et à Singapour notamment), Air-Lynx prévoit un deuxième tour de table qui pourrait être bouclé en mars ou avril 2017.