Adveez décolle sur le marché de la gestion de flottes de véhicules aéroportuaires

Positionnée initialement sur le marché du contrôle d’accès mains libres, la jeune société toulousaine Adveez se distingue aujourd’hui avec ses systèmes de gestion de fugues de personnes désorientées et de flotte de véhicules en environnement fermé (comme les aéroports). Ses plus : la précision spatiale de ses produits et une maîtrise des technologies radio...

L’utilisation astucieuse de technologies radio, notamment pour le remplacement de liaisons filaires, peut constituer un atout de taille pour de jeunes sociétés qui officient sur des marchés particulièrement concurrentiels comme le contrôle d’accès physique ou la gestion de la déambulation dans les résidences de personnes âgées, les cliniques ou les hôpitaux. Et c’est justement cet atout qu’a su faire jouer au début de ses activités la start-up toulousaine Adveez créée en 2011 par Karim Ben Dhia, un ancien de Continental Automotive. « Dans les années 2000, j’avais développé les activités du groupe liées aux poignées de portes de voiture avec accès mains libres, se souvient le dirigeant de la start-up. En 2010, l’idée m’est venue de basculer cette expertise dans le domaine du bâtiment pour le contrôle d’accès. »
 
Dix-huit mois de développement plus tard, Adveez a pu lancer la commercialisation d’une première gamme de produits dédiée à la sécurité (badges, photo ci-contre, et lecteurs mains libres) et basée sur une technologie propriétaire à double fréquence : une fréquence basse (125 kHz), réservée à la veille radio sur une zone précise de quelques dizaines de centimètres à quelques mètres, et une fréquence haute (868 MHz en Europe) pour l’échange d’informations sécurisées entre le badge et le lecteur.
 

Se dispenser de tendre de nouveaux câblages

 
« Début 2013, afin de nous différencier face à une concurrence multiple proposant du matériel peu onéreux, nous avons commencé à proposer aussi des contrôleurs d’ouverture/fermeture de portes et des concentrateurs équipés de logiciels de gestion ad hoc, ajoute le président d’Adveez. Avec une valeur ajoutée importante : la possibilité de connecter via une technologie de réseau radio maillé de type ZigBee l’ensemble des éléments de la solution de contrôle d’accès. » Un plus qui s’avère non négligeable dans des bâtiments en rénovation puisqu’il dispense d’avoir à tendre de nouveaux câblages…
 
Karim Ben Dhia, fondateur et président d'Adveez
 
Parallèlement, Adveez s’est orienté vers le secteur médical, lui aussi moins concurrentiel que le contrôle d’accès générique, et a rapidement développé une montre dite de « déambulation » adaptée aux poignets des personnes âgées. Mains libres de par nature, cette montre permet l’ouverture de la porte des chambres ou de la salle à manger dans des résidences, tout en garantissant que la porte vers l’extérieur reste fermée (dans le cas de personnes souffrant de pathologies du type maladie d’Alzheimer par exemple).
 
« Notre gamme de produits pour le médical se distingue par trois caractéristiques majeures, assure Karim Ben Dhia. Tout d’abord, la précision de mesure de notre solution est largement supérieure à ce qui existe ailleurs sur le marché et garantit un taux de fausses alertes très inférieur. D’un autre côté, notre approche nous permet de proposer à la fois du contrôle d’accès et de la gestion de déambulation. Et enfin, notre technologie radio maillée constitue, là encore, un avantage certain. »
 
Des aéroports américains bientôt équipés
 
Plus récemment, cette capacité à bien maîtriser le contrôle d’accès mains libres a ouvert un nouveau marché à Adveez, celui des flottes de petits véhicules aéroportuaires GSE (Ground Support Equipment) du type porte-bagages, pousse-avions, etc. « Il faut que les conducteurs de ces engins, qui ont été dûment formés et habilités, soient effectivement reconnus et il nous a semblé naturel de nous orienter vers ce domaine d’activité, insiste le fondateur de la jeune société qui a rapidement su séduire un partenaire d’importance avec le groupe Aviapartner. D’autant que nous proposons en sus d’autres services comme la localisation des véhicules de piste sur les plates-formes aéroportuaires, le contrôle de chocs, les diagnostics de panne, etc. »
 
Un boîtier de contrôle Adveez monté sur un véhcule aéroportuaire
 
Et, là encore, Adveez a su ajouter un plus par rapport aux solutions concurrentes. « Habituellement, les liaisons radio entre les terminaux embarqués et le gestionnaire de flottes centralisé sont de type cellulaire avec obligation de la présence d’une carte SIM à bord des véhicules, explique Karim Ben Dhia. Nous avons plutôt opté pour une technologie radio longue portée, bas débit et basse consommation bien connue (*) que nous avons adaptée à nos besoins et qui s’avère idéale pour une utilisation dans les environnements fermés comme les ports, les aéroports ou les casernes. » Et apparemment ça marche ! Dès juin 2013, Adveez avait installé une solution complète sur un site prototype à l’aéroport de Toulouse. Depuis, la jeune pousse a été retenue pour équiper les aéroports de Nice, La Rochelle, Lyon, Bruxelles et trois installations pilotes sont déjà prévues aux Etats-Unis !
 
Un chiffre d'affaires quadruplé en un an
 
Cette forte percée d’Adveez sur le marché des flottes de GSE devrait se répercuter sur le chiffre d’affaires de la société. « Nous devrions boucler 2015 sur un CA de deux millions d’euros, contre 400 000 euros l’année dernière, détaille le président de la firme toulousaine. Notre effectif a pratiquement doublé en l’espace d’un an ; il s’élève aujourd’hui à 27 personnes dont 20 ingénieurs spécialisés en développement hardware, logiciels embarqués, bases de données et technologies Web. Nous comptons par ailleurs embaucher cette année 4 ou 5 personnes dont une ou deux en production. » Adveez dispose en effet en interne de capacités d’assemblage et peut en théorie sortir chaque année entre 4 000 et 6 000 produits pour le marché des aéroports et entre 2 000 et 3 000 produits pour le secteur du médical. La jeune entreprise, qui a été portée au tout départ par l’incubateur Midi-Pyrénées, a pu compter en avril 2014 sur un apport d’1,3 million d’euros de la part d’un investisseur pour financer son développement.
(*) Adveez ne souhaite pas préciser le nom de cette technologie radio.