Lutte contre le piratage vidéo : la start-up rennaise ContentArmor lève 1,1 million d’euros

Tatouage vidéo

Créée en février 2016, la start-up rennaise ContentArmor, un spécialiste du tatouage de contenus vidéo dont L’Embarqué a tracé un portrait détaillé en octobre 2016, vient de boucler une première levée de fonds de 1,1 million d’euros. ...Le tour de table voit rentrer au capital de la société bretonne Calao Finance et Breizh Up, le fonds régional breton de co-investissement. Le Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine, le Crédit Mutuel de Bretagne et Bpifrance ont également participé à la levée de fonds.

Pour que l’industrie audiovisuelle puisse lutter efficacement contre le piratage des contenus, ContentArmor propose une solution de tatouage vidéo (ou watermarking en anglais) qui permet d’insérer dans les vidéos une marque invisible et indélébile. Ces « marques », qui peuvent être subtilement insérées ou modifiées au niveau d’un équipement du type projecteur numérique, matériel de post-production, téléviseur, décodeur ou lecteur/enregistreur multimédia, permettent de tracer un contenu, de repérer éventuellement s’il a été modifié, piraté ou copié illégalement et in fine de remonter à l’origine du « délit ». Le watermarking aide donc à la lutte contre le piratage tout d’abord en permettant de retrouver les sources des copies pirates disponibles sur Internet mais aussi en dissuadant les utilisateurs de pirater leur contenu.

Créé par Séverine Baudry, Eric Bénetière, Gwenaël Doërr, Alain Durand et Christophe Vincent, experts reconnus dans la sécurité vidéo et la diffusion multimédia et anciens de Technicolor, ContentArmor estime être la seule société à proposer une solution de tatouage travaillant directement sur le contenu sans avoir besoin de le décoder, même partiellement. Selon ses concepteurs, la technologie de la start-up s’intègre donc très facilement et à un coût moindre à toute étape de distribution du contenu vidéo. ContentArmor vise notamment le marché de la production du contenu, particulièrement sensible car le contenu y est manipulé avant sa première diffusion. Ainsi, ContentArmor a noué dès septembre 2016 un partenariat stratégique avec la société américaine MediaSilo qui propose une plateforme de partage de vidéo pour les professionnels, permettant par exemple aux producteurs de contenus de mettre à disposition leurs contenus aux journalistes et critiques de façon sécurisée.

Autre marché ciblé par la jeune société rennaise : la diffusion de contenus à bord des avions, dans les hôtels ou auprès du grand public, par les opérateurs de télévision payante et les fournisseurs de vidéo à la demande. Là aussi, ContentArmor a établi des partenariats avec des sociétés comme Viaccess-Orca qui sécurise les contenus diffusés par Orange ou le français Inside Secure qui propose des solutions de sécurité permettant d’accéder au contenu sur des appareils mobiles.

La levée de fonds de 1,1 million d’euros doit permettre à ContentArmor d’accélérer la mise à disposition sur le marché de la version de son produit adaptée aux contenus diffusés en direct. Elle vise également à soutenir la stratégie internationale de la start-up, notamment aux Etats-Unis. Les perspectives sont en tout cas alléchantes, le piratage vidéo atteignant actuellement un niveau inégalé. L’ACE (Alliance for Creativity and Entertainement), qui regroupe des producteurs de contenus tels que Amazon, HBO, Canal+ ou Paramount, estime à 5.4 milliards le nombre de téléchargements de contenus vidéos pirates sur Internet en 2016. Conscients de cette montée en puissance du piratage, les producteurs de contenus, que ce soit les studios de Hollywood ou les tenants des droits sportifs, recourent de plus en plus au watermarking pour améliorer l’efficacité de leur lutte contre le piratage. Ainsi, les studios américains vont imposer le watermarking pour les offres de VOD premium (PVOD) qui proposeront des films en VOD moins d’un mois après leur sortie au cinéma.