La France s’engage sur le partage dynamique de la bande 2,3-2,4 GHz entre la 5G et la Défense

Dès 2014, le rapport rédigé par Joëlle Toledano et consacré à l'évolution des modalités de gestion du spectre radioélectrique par l'Etat le préconisait sans ambages. Le gouvernement devait s’engager à développer ...le partage dynamique des fréquences pour « stimuler la croissance et l’innovation ». Dans cette optique, le rapport préconisait en particulier d’expérimenter la méthode de partage dynamique du spectre dite LSA (Licensed Shared Access) dans la bande 2 300-2 400 MHz, aujourd’hui utilisée par le ministère de la Défense pour des usages de télémétrie et attribuée par l’Union internationale des télécommunications (UIT) à des usages de communications mobiles. Pour rappel, les mécanismes LSA élaborés par l’Etsi permettent d’envisager des techniques de partage évoluées grâce à une collaboration plus étroite entre le titulaire historique de la bande et les « nouveaux » licenciés.

Le rapport de Joëlle Toledano n’est pas resté lettre morte. Afin de favoriser l’arrivée de la 5G et d’ouvrir à cette technologie de nouvelles bandes, le feu vert vient d’être donné par Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique (à gauche sur la photo en en-tête), à une première expérimentation LSA d'utilisation en accès partagé des fréquences allouées au ministère français de la Défense dans la bande 2,3-2,4 GHz.

Menée à Paris, l’expérimentation réunit Ericsson, Qualcomm et la jeune société parisienne RED Technologies, créée en 2012. L’équipementier suédois y met en œuvre sa solution d’accès radio mobile intégrant la technologie la plus récente d’agrégation de porteuses et le système Radio Dot qui assure une très bonne pénétration indoor via le déploiement de petites cellules radio. La société américaine amène de son côté des terminaux 4G équipés du processeur Snapdragon. Enfin RED Technologies fournit sa plate-forme de gestion dynamique de spectre, basée sur des cartes géographiques d’environnement radio en temps réel et des moteurs de réseaux auto-organisés.

L’expérimentation, qui a reçu l’aval de l’Arcep et du ministère de la Defense, devrait ouvrir la voie dans les deux prochaines années à la mise à disposition dans l’Hexagone d’une quantité significative de fréquences en accès partagé sous licence, notamment pour la 5G toujours en quête de spectre supplémentaire. « Une disponibilité suffisante de spectre sous licence sera un atout majeur pour permettre le déploiement de services 5G, avec les capacités et la qualité de service attendus, a souligné Franck Bouetard, PDG d’Ericsson France. Le LSA est une approche technologique agile pour doper la capacité. La combinaison de bandes de fréquences sous licence et non soumises à licence est un domaine de développement technologique clé pour la 5G. »